Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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y<br />
78 Chapitre Onafriruic<br />
relevons <strong>de</strong> nombreuses similitu<strong>de</strong>s entre la lettre <strong>de</strong> Robert Kilwardby à<br />
Pierre <strong>de</strong> ConHans et les opinions que <strong>Gilles</strong> <strong>de</strong> <strong>Le</strong>ssines attribue à son<br />
contradicteur. Ces similitu<strong>de</strong>s — qui seront étudiées en détail dans le<br />
chapitre suivant — portent sur ce triple objet :<br />
revêt : <strong>de</strong><br />
1) l'exposé <strong>de</strong> la théorie pluraliste et la signification précise qu'elle<br />
part et d'autre, on discute ce que nous appellerons plus loin<br />
« le système <strong>de</strong> la subordination fonctionnelle <strong>de</strong>s formes. »<br />
2) les arguments se retrouvent en majeure partie .semblables dans<br />
l'épître <strong>de</strong> Robert et dans les objections du <strong>de</strong> <strong>unitate</strong> formae.<br />
3) <strong>de</strong>s particularités <strong>de</strong> langue et notamment l'empU^i très spécial <strong>de</strong>s<br />
termes intcllcctus, potentia. <strong>Gilles</strong>, dans l'exposé <strong>de</strong>s arguments adverses,<br />
leur conserve ce sens particulier que reproduit la lettre <strong>de</strong> Robert, et dans<br />
ses réfutations il critique ces façons <strong>de</strong> parler incorrectes, signes d'une<br />
pensée confuse'.<br />
<strong>Gilles</strong> possédait donc un écrit <strong>de</strong> Robert — peut-être son <strong>trait</strong>é <strong>de</strong>s<br />
formes ; et le jjrélat anglais, tout en laissant courir sa plume, aura dans<br />
son épître justificative, repris <strong>de</strong>s expressions, <strong>de</strong>s développements et <strong>de</strong>s<br />
arguments, que ses écrits antérieurs présentaient à son souvenir. Il est<br />
vrai que Robert exprima à Pierre <strong>de</strong> Conflans le désir <strong>de</strong> lui voir commu-<br />
/<br />
niquer à d'autres sa lettre explicative-, mais aucune raison ne porte à<br />
admettre que <strong>Gilles</strong> en ait pris connaissance par voie directe ou indirecte.<br />
Pour la secon<strong>de</strong> fois donc, <strong>Gilles</strong> s'émeut <strong>de</strong>s attaques dirigées contre<br />
une théorie chère à son maître. Mais combien cette nouvelle intervention<br />
est plus significative ! Il n'hésite pas à contredire, sur un ton à la fois libre<br />
et digne, le primat <strong>de</strong> l'épiscopat d'Angleterre, un <strong>de</strong>s supérieurs <strong>de</strong><br />
son ordre, lui, simple moine, ne pouvant se glorifier d'aucune situation<br />
en vue dans l'université.<br />
S'il existe <strong>de</strong>s rapports non douteux entre les écrits <strong>de</strong> Robert et le<br />
<strong>trait</strong>é <strong>de</strong> <strong>Gilles</strong>, peut-on rattacher <strong>de</strong> même l'intervention du dominicain<br />
belge aux agitations qui durent se produire dans les écoles <strong>de</strong> Paris, quand<br />
on y reçut la nouvelle du décret d'Oxford ? Que la condamnation <strong>de</strong> l'unité<br />
<strong>de</strong>s formes à Oxford, et les agissements peu équivoques d'Etienne Tempier<br />
* « Quam magna ruditas adhuc sequitur in eo quod dicitur intellectus in homine unitus<br />
materiae nudae, etc. » p. 79].<br />
- « Et per vos, si placuerit, alii infomientur. » E h r 1 e , op. cit., (Archiv etc., p. 632.)