Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>Gilles</strong> <strong>de</strong> <strong>Le</strong>ssines et les agitations universitaires 61<br />
l'apogée <strong>de</strong> l'averroïsme du XIII^ siècle. C'est l'époque <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s luttes<br />
<strong>de</strong> Siger <strong>de</strong> Brabant et <strong>de</strong> saint Thomas. Car si d'autres, avant lui et à côté<br />
<strong>de</strong> lui, réfutent point par point les enseignements subversifs <strong>de</strong>s disciples<br />
d'Averroës, personne ne leur a porté <strong>de</strong>s coups plus décisifs que saint Thomas<br />
lui-même. <strong>Le</strong> P. Mandonnet a dramatisé cette lutte corps à corps <strong>de</strong><br />
Siger <strong>de</strong> Brabant et <strong>de</strong> saint Thomas d'Aquin, l'attitu<strong>de</strong> aggressive du <strong>de</strong><br />
anima iiitcUediva <strong>de</strong> Siger, la riposte du <strong>de</strong> nnitate iuteUectus contra<br />
Averroistas.<br />
\<br />
Controverses doctrinales entre les partisans <strong>de</strong> l'ancienne scolastique<br />
(théologiens séculiers, fransciscains, un groupe <strong>de</strong> dominicains) et les<br />
partisans <strong>de</strong> saint Thomas d'Aquin — ; discussions sur l'application <strong>de</strong> la<br />
métho<strong>de</strong> aristotélicienne entre ces mêmes scolastiques et les tenants <strong>de</strong><br />
l'école albertino-thomiste — ; animosités entre les théologiens séculiers et les<br />
<strong>de</strong>ux ordres mendiants à propos <strong>de</strong> questions disciplinaires et religieuses ;<br />
— enfin opposition <strong>de</strong> tous les groupes scolastiques aux envahissements<br />
<strong>de</strong> l'averroïsme : telle est, en raccourci, la situation <strong>de</strong>s écoles vers 1270,<br />
dans la faculté <strong>de</strong> théologie et la faculté <strong>de</strong>s arts <strong>de</strong> Paris.<br />
Cette effervescence <strong>de</strong>s esprits <strong>de</strong>vait éclater en controverses<br />
bruyantes. Nombreuses en effet sont les joutes franches dont la gran<strong>de</strong><br />
métropole universitaire vit alors le spectacle ; et d'après l'objet du litige,<br />
la composition <strong>de</strong>s camps se modifiait incessamment. Mais cette compli-<br />
cation même <strong>de</strong>s partis, leur extraordinaire tension, leur compénétration<br />
partielle sur divers points servirent aussi <strong>de</strong> prétexte à <strong>de</strong>s rancunes, et<br />
inspirèrent notamment une scandaleuse cabale dont Thomas d'Aquin<br />
fut pendant quelques années la victime. En même temps que la discussion<br />
courtoise et lo3-ale, où certes ses contradicteurs n'avaient pas le <strong>de</strong>rnier<br />
mot, l'illustre dominicain fut en butte à l'intrigue. C'était la revanche <strong>de</strong> la<br />
jalousie sur le talent.<br />
<strong>Le</strong> point d'attaque était tout indiqué : Siger <strong>de</strong> Brabant et saint Thomas<br />
s'inspiraient l'un et l'autre d'Aristote, le premier calquant sa pensée<br />
sur le commentaire d'Averroës, le second soumettant ses textes au crible<br />
d'un éclectisme intelligent'. L'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s solutions auxquelles ces <strong>de</strong>ux<br />
' Cf. p. 4G.