Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

L' innoviifinn principiellc du thoinisine 53
notions de la « philosophie première >, à savoir : l'unité transcendentale, la
notion de l'être substantiel.
1. L'unité des formes et l'unité transcendentale. — « Nihil enim est
simpliciter unum nisi per formam unam; per quam habet res esse ;
enim habet res quod sit ens, et quod sit una»' .
La
ab eodem
forme donne l'être sub-
stantiel, donc aussi l'unité ; car tout être, et au premier titre l'être substan-
tiel est un, c'est-à-dire indivis en lui-même. Multiplier les formes substan-
tielles, c'est multiplier l'être substantiel même, et briser son unité interne.
2. L'unité des formes et la notion d'être substantiel. — Ce n'est pas
une détermination quelconque que confère la forme substantielle ; celle-ci,
comme son nom l'indique, comble l'imperfection primordiale de la matière,
c'est-à-dire son insuffisance à subsister. Mais s'il en est ainsi, à quoi se
réduira le rôle de la seconde forme ? L'être, étant déjà une substance, n'est
plus susceptible de recevoir une perfection qu'il possède déjà. Il s'ensuit
que toute forme, venant actuer un être déjà constitué dans sa subsistance,
ne peut lui apporter qu'une réalité surajoutée à une autre, dès lors acciden-
telle. « Cum forma substantialis faciat esse non solum secundum quid, sed
simpliciter, et constituât hoc aliquid in génère substantiae, si prima forma
hoc facit, secunda adveniens, inveniens subjectum jam in esse substantiali
constitutum, accidentaliter ei adveniet >^.
Et dans les Commentaires sur le second livre des Sentences, après avoir
rappelé la même pensée, il ajoute cette considération qui en forme la con-
trepartie : « Si enim post esse in génère substantiae constitutum advenit
(forma), ergo, ea recedente, adhuc remanet individuum in génère substan-
tiae, quod est contra rationem formae substantialis »^.
' 5. Theol., la, q. 76, a. 3, c.
' De potentia, III, 9, ad 9^ et VIII, 4, ad 4. La question est posée à propos de la vie
embryonnaire de l'enfant, mais elle a une portée générale. Cf. In II. l. Sent., D. 12, a. 4. c;
In IV. L Sent., D. 44, q. 1, art. 1, quaestioncula 3. ; de anima, II, 1. in medio ; Qiiodl. XI,
a. 5, où il réfute Avicebron qui admet pour chaque perfection générique et spécifique
une forme substantielle propre. — 5, contra Gentiles, 1. II, cap. 58. — Le Qiiodl. I, a. 6,
résume ainsi les deux arguments métaphysiques : « Quia ab eodem habet res esse et
unitatein. Manitestum est autem quod res habet esse per formam ; unde et per formam
res habet unitatem. » — Cf. De spir. créât, a. 1, ad 9".
' D. 18, q. 1, a. 2, c. L'opuscule de phiralitate formaniin (texte d'Uccelli) ajoute
d'autres arguments d'ordre métaphysique. Notons :
a. L'unité des formes et l'activité des substances. — Toute forme substantielle, prin-