Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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38 Chapitre <strong>De</strong>uxième<br />
La questi(jn i)eut se |)0.ser d'abord jjcjur les êtres spirituels ou |>our les<br />
anges, car la multi[jlicité <strong>de</strong>s perfections est avant tout l'apanaj^e <strong>de</strong>s êtres<br />
supérieurs. Toutefois, les scolastiques du XIII"^ siècle, à la presque unani-<br />
mité', ont restreint leurs controverses à la composition <strong>de</strong>s êtres corporels.<br />
Quelques notions préliminaires <strong>de</strong> cosmologie médiévale sont nécessaires<br />
à l'intelligence <strong>de</strong>s sj'stèmes. Ces idées, la philosophie du moyen<br />
âge ne les doit pas à son dédain pour les sciences d'observation, mais à sa<br />
fidélité même à suivre une conception chimique dont les imperfections ne<br />
lui sont pas imputables. <strong>Le</strong>s corps simples <strong>de</strong> notre globe sont au nombre<br />
<strong>de</strong> quatre :<br />
l'air, l'eau, la terre, le feu. Ils se transforment l'un dans l'autre.<br />
Ils s'unissent aussi, non seulement pour se juxtaposer dans <strong>de</strong>s mélanges<br />
{mixtuin ad seiisum), mais surtout pour donner naissance à <strong>de</strong>s combinai-<br />
sons chimiques (inixta, itiixta proprie dicfa)^ (|ui apparaissent dans la<br />
nature avec <strong>de</strong>s propriétés nouvelles, manifestatives d'un être substantiel<br />
qui n'est plus i<strong>de</strong>ntique à celui <strong>de</strong>s composants. La pierre précieuse, le<br />
nitre, et en général toutes les substances inorganiques dont la composition<br />
n'est pas l'elTet d'un simple mélange — ; les plantes, les animaux, le corps<br />
humain lui-même sont, chimiquement parlant, <strong>de</strong>s mixtes, où l'on retrouve,<br />
à <strong>de</strong>s doses variables, la présence <strong>de</strong> plusieurs éléments.<br />
Or, ne voit-on pas que tous les êtres <strong>de</strong> la nature sensible, à quelque<br />
' <strong>Le</strong>s textes suivants, où Guillaume d'.Auveriinc démontre qu'il n'y a pas <strong>de</strong> matière<br />
dans les anges, n'impliquent-ils pas une pluralité <strong>de</strong> formes substantielles, au nom <strong>de</strong> ce<br />
principe que les anges ont une pluralité <strong>de</strong> perfections : « Cuius est potentia, eius<strong>de</strong>m est<br />
et actus, et in quo potentia, in eo<strong>de</strong>m est actus. Quare in quo nec actus, nec aliquid <strong>de</strong><br />
actu, in eo nec potentia, nec aliquid <strong>de</strong> illa. Intelligere vero nec est in huiusmodi materia<br />
quam somniant .... quare nec potentia intelligendi Et eo<strong>de</strong>m modo se habet <strong>de</strong> poten-<br />
tia volendi. Quia igittir nemo dubitai potentiels huiusmodi formas substantiales esse<br />
huiusmodi nobilium substantiarum .... manifestum est formas substantiales earum nec esse<br />
in materia nec aliquid habere <strong>de</strong> materia. Scire namque <strong>de</strong>bes, quia forma substantialis<br />
uniuscuiusque substantiae principium per se est actus nobilissimi substantiae illius. Et si<br />
vut/tae formae substantiales huiusmodi^ erunt ex necessitate principia nobilissimorum<br />
actuum substantiae quant perficiunt essentialiter. Causa autem in hoc est quoniam nobi-<br />
lissimae formarum omnium in unoquoque substantiales sunt. » <strong>Le</strong> rôle déterminateur <strong>de</strong><br />
la forme est clairement indiqué, (quia igitur formae substantiales propter ultimam ac<br />
nobilissimam perfectionem sunt in omni eo cuius formae substantiales sunt..) et il s'agit<br />
<strong>de</strong> plusieurs perfections (connaîtrCj aimer) appartenant au même être. <strong>De</strong> iinii'erso, II,<br />
p. 2, cap. 2, (Venetiis, 1591, p. 798).<br />
- C'est dans ce second sens que dans la suite nous parlerons du mixte.