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Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

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La pluralité <strong>de</strong>s formes au XTIF siècle 29<br />

rel, doué <strong>de</strong> vie, intelligent ; et ces perfections communes à notre espèce<br />

sont revêtues dans le fils <strong>de</strong> Sophronisque du sceau indélibile <strong>de</strong> l'indivi-<br />

dualité: toutes ces réalités sont constitutives <strong>de</strong> l'essence même, <strong>de</strong> la<br />

sitbsta)itialité ' <strong>de</strong> l'individu que fut Socrate. Or, toutes ces perfections ont-<br />

elles leur raison suffisante dans l'acte informateur d'une seule forme<br />

substantielle, communiquant à la matière première la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> réalité<br />

dont elle est susceptible; — ou bien ces déterminations diverses répon-<br />

<strong>de</strong>nt-elles à <strong>de</strong>s actuations irréductibles <strong>de</strong> la matière première « informée »,<br />

dans cette secon<strong>de</strong> alternative, par <strong>de</strong>s formes multiples et distinctes ? Tel<br />

est le problème le plus intéressant que le XIII^ siècle agite dans la question<br />

<strong>de</strong>s formes. Il pivote autour <strong>de</strong> la composition métaphysique, ou <strong>de</strong>s « <strong>de</strong>grés<br />

métaphysiques ><br />

dont<br />

il fut question plus haut. —•<br />

Subsidiairement,<br />

on se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra <strong>de</strong> même façon, si dans le composé organique, la diversité <strong>de</strong>s<br />

parties intégrantes qu'on appelle la tête, les mains, les pieds, etc., accuse<br />

une multiplicité <strong>de</strong> formes substantielles.<br />

Toute différente est la portée <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s formes, dès qu'il s'agit<br />

<strong>de</strong>s relations et perfections acci<strong>de</strong>ntelles <strong>de</strong> l'être. Que Socrate ait connu<br />

Platon, qu'il aimât la jeunesse, qu'il soit mort en buvant la ciguë, que<br />

l'histoire l'ait auréolé d'un puissant ascendant moral, ce sont là circon-<br />

stances qui peuvent être ma nifestât ives <strong>de</strong> sa personnalité, mais qui ne la<br />

constituent pas, au sens philosophique. Pas plus que les scolastiques du<br />

XlIIe siècle, nous n'avons à nous occuper ici <strong>de</strong> la pluralité <strong>de</strong>s formes<br />

acci<strong>de</strong>ntelles.<br />

Saint Thomas remarque avec beaucoup <strong>de</strong> justesse que la controverse<br />

sur la pluralité ou l'unité <strong>de</strong>s formes n'a pas <strong>de</strong> sens en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l'aristo-<br />

télisme, parce qu'elle suppose la conununication intrinsèque d'éléments<br />

incomplets, la matière et la forme, et runité <strong>de</strong> la substance qui en<br />

résulte. Au contraire, les Platoniciens, qui considèrent l'homme comme<br />

un aggrégat <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux êtres complets, dont l'un se borne à mouvoir l'autre,<br />

car un même<br />

peuvent sans contradiction, enseigner la pluralité <strong>de</strong>s âmes ;<br />

mobile peut recevoir l'impulsion <strong>de</strong> divers moteurs, et cette multiplicité <strong>de</strong><br />

moteurs laisse intacte l'indépendance substantielle du mobile. Mais dès<br />

qu'on établit entre l'âme et le corps le rapport aristotélicien <strong>de</strong> forme<br />

' Entre l'essence et la substance il n'y a qu'une différence <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue, D. Mercier,<br />

op. cit., p. 31.

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