Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
La pluralité <strong>de</strong>s formes au XIII" siècle 25<br />
Vacci<strong>de</strong>nttl. Aristote, en effet, a recours à ce même couple pour préciser<br />
certains rapports existant entre <strong>de</strong>s substances indépendantes, ou entre <strong>de</strong>s<br />
acci<strong>de</strong>nts d'une même substance, ou entre l'acci<strong>de</strong>nt et la substance qu'il<br />
affecte. <strong>Le</strong>s sphères supérieures vis-à-vis <strong>de</strong>s sphères inférieures, le sexe<br />
masculin vis-à-vis du sexe féminin, ou bien l'intellect agent vis-à-vis <strong>de</strong><br />
l'intellect patient, la vertu vis-à-vis <strong>de</strong> l'âme sont dans le rapport <strong>de</strong> forme<br />
et <strong>de</strong> matière ^ Ces termes ne revêtent ici qu'une signification dérivée et<br />
analogique ; ils traduisent une simple relation <strong>de</strong> détermination et <strong>de</strong><br />
déterminabilité, qui ne porte en rien sur la constitution d'un individu<br />
corporel.<br />
Cette signification secondaire est d'un usage plus fréquent et plus utile<br />
dans l'ordre logique, où elle régit l'agencement <strong>de</strong> nos pensées. Comme les<br />
choses que nous intelligeons sont trop riches en déterminations réelles pour<br />
qu'il soit possible d'épuiser celles-ci par un seul acte <strong>de</strong> l'esprit, nous les<br />
soumettons à <strong>de</strong>s abstractions successives. Semblables à l'enfant qui<br />
retourne dans tous les sens un jouet nouveau que lui remet sa mère, nous<br />
regardons sous <strong>de</strong>s biais multiples les réalités <strong>de</strong> la nature. Mais les idées<br />
diverses que notre esprit se forme n'appréhen<strong>de</strong>nt pas, comme l'œil <strong>de</strong><br />
l'enfant, <strong>de</strong>s parties quantitativement distinctes <strong>de</strong> l'objet : c'est l'être tout<br />
entier qui' tombe sous les prises <strong>de</strong> l'intelligence, bien qu'il ne se livre, <strong>de</strong><br />
prime abord, que sous ses aspects les plus indéterminés. Nous obtenons<br />
ainsi <strong>de</strong> multiples concepts qui se complètent l'un l'autre, se précisent à<br />
mesure qu'ils saisissent l'être dans ses déterminations moins générales, et<br />
nous conduisent finalement aux notes fixatives <strong>de</strong> l'espèce. Tel est le<br />
processus <strong>de</strong> la division <strong>de</strong>s choses en genres, espèces, différences spéci-<br />
fiques, processus basé et sur la faiblesse <strong>de</strong> notre intelligence et sur la<br />
complexité <strong>de</strong>s êtres.<br />
Pour nous représenter l'homme, nous le concevons tour à tour comme<br />
substance, doué <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> sensibilité, <strong>de</strong> raison. Or, quand Aristote nous<br />
apprend que le concept générique <strong>de</strong> substance vivante et sensible est<br />
matière vis-à-vis du concept spécifique d'être raisonnable, qu'il appelle<br />
forme^, encore une fois il n'entend pas parler <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong>s corps,<br />
substantiel, l'existence <strong>de</strong> formes séparées. Metnph., VII, 1, etc. La théorie <strong>de</strong>s l'ormes<br />
séparées a reçu dans la scolastique <strong>de</strong> larges développements.<br />
' Cf. Zeller, Die Phiinaophic il. Griecheu (<strong>Le</strong>ipzig, 187fl), t. 11=, p. 325.<br />
- p. ex. Metaph., VIII, (i. Cl". Zeller, op. cit., p. 210, n. 1.