Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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112 Chapitre Sixième<br />
fjurniciit la nicine substance. Cependant ils appartiennent à <strong>de</strong>s genres<br />
différents ; car qui oserait dire que la division <strong>de</strong>s substances en organiques<br />
et inorganiques n'est pas une classification générique <strong>de</strong>s êtres? Une<br />
même chose peut donc être rangée dans <strong>de</strong>ux genres différents ! Quel<br />
dévergondage logique!<br />
2. Absurdité encore — étant donnée la physique scolastique — <strong>de</strong><br />
prétendre que la fonction informatrice d'un principe substantiel sert <strong>de</strong><br />
préparation, <strong>de</strong> disposition à celle d'un principe supérieur'. Car enfin, si<br />
toute actuation préparc à une actuation supérieure, la forme à laquelle<br />
celle-ci se rattache ne peut disparaître que si les dispositions du sujet<br />
récepteur, cause <strong>de</strong> ra]îparition <strong>de</strong> cette forme, viennent à se modifier. <strong>Le</strong><br />
processus cosmique est dominé par cette gran<strong>de</strong> loi que, pour changer<br />
d'état substantiel, le milieu ambiant doit disposer le sujet, ou la matière<br />
première, à cette transformation. Aussi longtemps qu'un corps <strong>de</strong>meure<br />
dans les mêmes dispositions <strong>de</strong> chaleur, d'électricité, etc., le passage d'un<br />
état chimique à un autre état chimique n'aurait pas <strong>de</strong> raison suffisante.<br />
dr, <strong>Gilles</strong> remarque avec beaucoup <strong>de</strong> finesse qu'en partant <strong>de</strong> ces<br />
prémisses, il faut nier la corruptiI)ilité <strong>de</strong>s corps, c'est-à-dire la possibilité<br />
même du changement dans la nature. En effet, suivant les adversaires, il<br />
est pour le moins une forme qui poursuit la matière à travers toutes ses<br />
transmutations, la corporcitas. Mais si la corporeitas <strong>de</strong>meure, la forme<br />
supérieure, elle aussi, continue <strong>de</strong> déterminer l'être, puisque la corporeitas<br />
lui sort <strong>de</strong> dispositiott, et ainsi <strong>de</strong> suite.<br />
.^. La difficulté « théologique » rappelée ici se rapporte à l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong><br />
riiomme vivant et du corps ressuscité. <strong>Le</strong> pluralisme <strong>de</strong>s formes est impuis-<br />
sant à assurer cette i<strong>de</strong>ntité : les formes inférieures qui constitueront le<br />
corps humain seront certes semblables, mais ne pourraient être i<strong>de</strong>ntiques<br />
à <strong>de</strong>s formes disparues'-.<br />
Après l'attaque, la défense. Tandis que la plupart <strong>de</strong>s considérations<br />
((ui jirécè<strong>de</strong>nt s'appliquent à tout .système pluraliste^ la réfutation <strong>de</strong>s<br />
' L'expose <strong>de</strong> cet argument montre que <strong>Gilles</strong> vise bien un sj-stèmc où la subordina-<br />
tion <strong>de</strong>s formes est dispositive et non essentielle. Cf. p. 95 et 9G.<br />
- Cf. p. 55.<br />
^ Sauf l'objection tirée <strong>de</strong> l'incorruptibilité <strong>de</strong>s organismes qui, telle qu'elle est<br />
présentée, est propre au système <strong>de</strong> la subordination dispositive <strong>de</strong>s formes.