Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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La pluralité <strong>de</strong>s formes au XIIF siècle 13<br />
masse <strong>de</strong>s textes nouveaux répandus dans la circulation scolaire, obligés<br />
<strong>de</strong> lire Aristote dans <strong>de</strong>s traductions et <strong>de</strong> chercher sa pensée à travers <strong>de</strong>s<br />
commentaires, les premiers philosophes <strong>de</strong> ce temps ne réussirent pas à<br />
saisir le vrai sens <strong>de</strong> chaque théorie et surtout à discerner sa valeur propre<br />
dans le réseau d'influences réciproques qui relient entre elles toutes les<br />
parties d'un ensemble sj'nthétique ; ils ne parvinrent pas non plus à déga-<br />
ger suffisamment le véritable Aristote <strong>de</strong>s appliques disparates dont arabes<br />
et juifs l'avaient afl'ublé, sous prétexte <strong>de</strong> le rendre plus intelligible ; et ils<br />
étaient d'autant plus disposés à lire Aristote à travers les lunettes <strong>de</strong> ses<br />
commentateurs que le texte lapidaire du Stagirite exige un long effort<br />
d'exégèse. La théorie <strong>de</strong> la pluralité <strong>de</strong>s formes, non pas en ces cadres<br />
savants où l'enchâsse le génie <strong>de</strong> Duns Scot, mais dans la formule simple,<br />
presque naïve, où elle se montre au début du siècle, est due principalement<br />
à la mésintelligence d'une pensée d' Aristote, ainsi qu'il sera dit plus loin.<br />
L'action <strong>de</strong> saint Thomas, préparée sur plus d'un terrain par celle<br />
d'Albert le Grand, introduisit dans la scolastique un courant d'idées plus<br />
franchement péripatéticien. Ce seigneur <strong>de</strong> la pensée fortifia par une<br />
interprétation éclectique et élargie <strong>de</strong> l'aristotélisme l'organisme <strong>de</strong> la science<br />
scolastique, et la philosophie qu'il a léguée est une oeuvre systématique où<br />
tout révèle une solidarité étroite et une rigoureuse réduction à l'unité <strong>de</strong>s<br />
doctrines constitutionnelles.<br />
On retrouve d'ailleurs une empreinte semblable dans le .système <strong>de</strong><br />
Duns Scot, qui sut exploiter, en suivant une autre veine, la mine d'or <strong>de</strong><br />
l'esprit péripatéticien.<br />
Du coup, le thomisme, qui parut le premier en date, <strong>de</strong>vait entrer en<br />
lutte avec les éléments hétérogènes accrédités jusque-là dans les écoles et<br />
qui ne pouvaient s'incorporer dans la synthèse nouvelle. La résistance fut<br />
mouvementée, et les collisions d'idées perdurèrent pendant plusieurs géné-<br />
rations. Quand Duns Scot parut, les controverses avaient beaucoup perdu<br />
<strong>de</strong> leur âpreté, et la tournure originale que prête à tous les éléments doctri-<br />
naux le célèbre « réalisme formaliste » auquel il a attaché son nom, permit<br />
à Duns Scot d'incorporer dans sa philosophie plusieurs théories francis-<br />
caines dont saint Thomas avait contesté la « scolasticité ». Néanmoins le<br />
Docteur subtil se dresse en adversaire irréconciliable <strong>de</strong> bon nombre <strong>de</strong><br />
doctrines chères aux écoles anciennes, et il les critique sur ce ton acerbe