Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

G() Chapitre Oitafrioiie
rieures, fra\'a avec l'élite intellectuelle de scm ordre'. Quoi d'étc^nnant qu'il
ait connu Albert le Grand, à Paris ou ailleurs ? Le correspondant de 1270
s'adresse patri ac domino Alberto, episcopo quondam ratisponensi. C'est
la lettre d'un disciple à son ancien maître, le consultant sur des contro-
verses d'école ;
et le ton à la fois affectueux et confiant s'explique aisément
par les relations scolaires que Gilles lui-même, sept années plus tard, se
plaît à rappeler.
III.
Où et quand Gilles fut-il l'auditeur d'Albert le Grand ? Les données de
sa biographie sont trop vagues pour qu'il soit possible de trancher cette
question. Nous savons que Gilles était bachelier en théologie*, mais qu'il
ne parvint pas jusqu'à la maîtrise. En qualité de bachelier, il doit avoir
professé dans une des deux écoles dominicaines du couvent de Saint-Jacques
à Paris, et notamment, sous la direction d'un maître, il aura « lu » la Bible
et le Livre des Sentences du Lombard'.
Ce maître fut-il Albert le Grand ? Le célèbre philosophe de Bollstâdt
' L'affluence était si co:isidérable au couvent de .St-Jacques, qu'en l'i^iO-l'iSG une con-
stitution limita à trois le nombre d'étudiants que chaque province avait le droit d'envoyer.
Cf. Denifle, Constitutioiies antique ordinis fratriiin predicatorum. (Archiv f. Litt. etc.
t. I, 1885, p. 226 et 18f>).
- Un de ses contemporains anonymes qui a dres^.- un catalogue d'ouvrages écrits par
des Frères Prêcheurs, et que nous utiliserons pour l'.ittributioix de ses ouvrages, l'appelle
« bacularius in theologia » Denifle, Qiiellen zur Gelehrtengeschichte des Predi-
gerordeiis (Arch. f. Litt. u. Kirchengcsch. d. Mittelalters, t. II, p. 2.38l.
' Les règlements des études dans l'ordre dominicain s'établirent peu à peu. Dans les
premières décades du XIII'' siècle, le magisterium était conféré de façon très irrégulière.
Denitle, o/). c»V. (.Archiv etc., t. II, p. 180). Plus tard, voici quel tut l'ordre des études théolo-
giques : Le titre de lector bibliciis était le premier grade. Le lector hihliciis lisait la Bible
biblice, c'est-à-dire au point de vue du sens littéral, textualiter. Dans les ordres mendiants, on
exigeait des lectores biblici la lecture de toute la Bible. Ils passaient ensuite à l'explication
des Sentences du Lombard, fondées sur les Ecritures, et prenaient le titre de bachalarii
sententiarii (par opposition aux bachalarii biblici, nom improprement donné aux lectores
biblici). On était bachalareus formafus, quand les cours sur les Sentences étaient terminés,
et il fallait attendre six ou huit ans avant d'être promu à la maîtrise dans l'Université de
Paris. Denifle, Quel livre servait de base à renseignement des maîtres en théologie
dans r Université de Paris (R. Thomiste, 1894, p. 149 - 161).