Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

100 Chapitre Sixième
des sens'. Illusion! continue Gilles. N'ont-ils pas raison l'un et l'autre, et
l'homme du jjeujile qui ilunne au diamètre du stjleil une lon^fueur de deux
pieds et le physicien pour qui le soleil est cent soixante-six fois plus j^rand
que la terre'^ ?
3. Qu'elle ne contredise en rien les données de la foi catholi(|ue.
D'accord, ci mi lut Gilles, mais la doctrine de l'unité satisfait à cette condition.
II.
Notions générales sur la forme et la matière.
Quiconque se rend un compte exact des répercussions que la contro-
verse actuelle exerce sur l'économie générale du système scolastique doit
savoir gré à Gilles de Lessines de placer à la base de ses discussions un
exposé sommaire des notions de matière et de forme. C'est en puisant aux
sources pures du péripatétisme que le dominicain belge, à l'exemple de son
illustre maître, pourra victorieusement établir sa thèse. Reprenons à cet effet
une des déclarations que nous venons de rappeler:
• dicimus quod prin-
cipia naturaliuin sunt quod omnium reruin operatarum in natura sinttantum
' C'est une interprétation abusive de la doctrine idéogénique .sur l'origine sensible
des idées.
' Gilles emploie le terme maior, sans préciser s'il s'agit du diamètre du soleil ou de
son volume, comparé au diamètre ou au volume de la terre. Il est vrai que lorsqu'il parle
du jugement vulgaire, il vise le diamètre apparent du soleil, qui nous seml)le mesurer
deux pieds ; mais on n'en peut rien conclure sur la portée du chiffre 1G6 qui, selon lui,
exprime, au point de vue scientifique, les rapports du soleil et de la terre. Le fait qu'il se
borne à écrire : « subnixus ratione quae transcendit scnsum vulgi j, sans préciser cette
ratio, semble indiquer que, de parti pris, l'auteur a voulu se tenir dans le vague, la
circonstance que le chiffre 166 se rapporterait au diamètre ou au volume n'aj'ant d'ailleurs
aucune importance dans son raisonnement. — Ce chiffre 166 vient, non pas d'.A.ristote,
mais de Ptolémée. En prenant pour base une fausse évaluation de la parallaxe solaire et
du diamètre angulaire du soleil, Ptolémée conclut que le volume du soleil est environ
170 fois plus grand que celui de la terre. Ptolémée, IIe.o! ijisyeOwv "H/'.O'j -/.a; i::/.T,vTi; xai •;?,;,
L. V, chap. XVI i^éd. Halnia, Paris, 1813, t. I, p. :-}47». Dans le même chapitre, Ptolémée
établit entre le diamètre du soleil et celui de la terre, le rapport de » à 1. Or, en calcu-
lant le rapport des volumes d'après le rapport des diamètres, le volume du soleil sera
représenté par (— )' - -o- "- 166 environ. Les scolastiques du XIII«^ siècle ont-ils
vu que le nombre 166 est mieux en harmonie avec les données de Ptolémée que le nombre
170, auquel Ptolémée aboutit en forçant le dernier chiffre de 166 ?