Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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La pluralité <strong>de</strong>s formes an XIIF siècle 19<br />
les fon<strong>de</strong>ments métaphysiques <strong>de</strong> la science, une transposition sur le so!<br />
scolastique d'une plante exotique, venue <strong>de</strong> l'Orient.<br />
On peut ranger dans un troisième groupe certaines doctrines, figurant<br />
au catalogue idéologique <strong>de</strong> l'augustinisme, et qui ont été répandues dans<br />
l'ancienne scolastique du XIII'^ siècle, sous l'influence parallèle et prépon-<br />
dérante du péripatétisme. Ce sont les théories sur la matière et la forme.<br />
Saint Augustin parle <strong>de</strong> la matière <strong>de</strong>s corps, à propos <strong>de</strong> l'œuvre <strong>de</strong>s<br />
six jours ; il la compare à la terre et à l'abîme \ qu'il tient pour ce qu'il y a<br />
<strong>de</strong> plus près du néant. Et bien qu'à certains endroits, ses déclarations sur<br />
la matière <strong>de</strong>s corps fassent songer à une masse chaotique, sortie du néant<br />
sur un geste du Créateur, et qu'un façonnage merveilleux revêt ensuite <strong>de</strong><br />
l'éclat <strong>de</strong> la beauté (species)'^, il s'exprime dans divers passages <strong>de</strong>s Confes-<br />
sions, sur l'élément indéterminé et incomplet qu'il faut placer à la base <strong>de</strong>s<br />
transformations substantielles, en <strong>de</strong>s termes qui rappellent assez bien la<br />
doctrine d'Aristote'. La matière ou l'indéterminé ne peut exister sans la<br />
forme"* ;<br />
elle marque <strong>de</strong> son empreinte tout être sujet à un <strong>de</strong>venir. C'est en<br />
partant <strong>de</strong> cette idée que saint Augustin a été amené à admettre une quasi<br />
materia dans les anges^. Ces questions délicates torturèrent longtemps la<br />
' V. une déclaration ex professo. <strong>De</strong> Genesi contra Manichaeos, lib. I, c. 7.<br />
' <strong>De</strong> Gen. contra Manichaeos, lib. I, c. .5-7.<br />
' C'est le sentiment <strong>de</strong> Martin, Saint Augustin (collection : « <strong>Le</strong>.s Grands Philo-<br />
sophes»), Paris 1901, p. 308. Citons ce passage : « Mutabilitas enim rerum mutabilium ipsa<br />
capax est formarum omnium in quas mutantur res mutabiles. Et haec quid est ? Numquid<br />
animus ? numquid corpus? numquid species animi vel corporis? Si dici posset, nihil aliquid,<br />
et, est non est, hoc eam dicerem. » Confess., lib. XII, c. 6, cf. c. 8. Nous citons d'après<br />
l'édition Vives.<br />
^ La thèse <strong>de</strong> l'« actualité infime <strong>de</strong> la matière, indépendamment <strong>de</strong> toute forme »<br />
dont parle le P. Mandonnet, semble contraire aux déclarations <strong>de</strong>s Confessions, lib. XII,<br />
c. 29, no 40, et du <strong>De</strong> Genesi ad litteram l. XII, 1. I, c. 15; v., par ex., à ce <strong>de</strong>rnier endroit<br />
no 29 : « quia etiam cum dicimus materiam et formam, ittrwnque simtil esse intelliginms »<br />
etc. — Cf. Martin, op. cit., p. 309. — Au <strong>de</strong>meurant, la possibilité d'une existence indé-<br />
pendante <strong>de</strong> la matière, admise par un Henri <strong>de</strong> Gand (Qitodl. I, 10) est rejetée par un<br />
saint Bonaventure. {In II lib. Sent., d. 12, a. 1. q. 1, in corp.).<br />
' « Si enim quiddam incommutabile esset anima, nuUo modo ejus quasi materiam<br />
quaerere <strong>de</strong>beremus... Sed sicut haec, excepto quod jam caro est, in qua natura vel profi-<br />
cit, ut pulchra, vel déficit, ut <strong>de</strong>formis sit, habuit etiam materiam, id est, terram, <strong>de</strong> qua<br />
fieret, ut omnino caro esset : sic fortasse potuit et anima, antequam ea ipsa natura fieret,<br />
quae anima dicitur, cujus vel pulchritudo virtus, vel <strong>de</strong>formitas vitium est, habere aliquam