Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

50 Chapitre Troisième
tate formae. Pignon s'en inspire, ce qui n'empêche pas Quétif et Echard,
qui accordent à Pij^non un si large crédit, de regarder l'attribution de ce
traité comme douteuse' .
Par
c(jntre, un catalogue oflîciel des œuvres de
saint Thomas, rédigé d'après les déclarations d'un témoin du procès de
canonisation, est muet sur l'existence d'un traité des formes''. D'où il résulte
que, sur le point de savoir si saint Thomas est l'auteur d'un opuscule de ce
genre, les sources anciennes fournissent des données contradictoires.
De fait, il circule sous le nom de saint Thomas divers traités des
formes, ne ditférant pas seulement par le titre, mais encore par le texte.
Plusieurs de ces traités, imprimés à partir du XVI"^ siècle sous le nom de
saint Thomas, sont l'œuvre certaine de disciples, à qui les agitations doc-
trinales de la fin du XIII»" siècle inspirèrent l'idée de défendre une doctrine
chère au maître'. D'autres textes au contraire, existant soit en mahuscrit*
soit dans les éditions de saint Thomas, demeurent d'une authenticité dou-
teuse. Etant donnés les éléments dont dispose la critique, tel est le cas, ce
semble, pour lui traité de pluralitate fonnaruin, dont on trouve le début
' « Ut dubia minori charactere cusa: rêvera non meminerunt Tholomaeus, Bernardus
Logotheta, Trivetus, Valleoletanus, nec S. Antoninus. Pignon solus laudat de unitate for-
mae. » op. cit., t. I, p. 339.
' Publié par B a I u ze , Vitae Paparum Aveiiioiiensiiim (Paris, 1G!)3>. t. II, p. 7 sous
le titre : «. Fragnientuin ex processu facto pro canonizatione S. Thomae. > L'auteur de ce
catalogue est très explicite dans ses affirmations : « si autem sibi alia ascribantur, non ipse
scripsit et notavit sed alii recollegerunt post eum legentem vel praedicantem. »
• Pour plusieurs de ces opuscules, la fausseté d'attribution est péremptoirement
démontrée. C'est ainsi que le traité de Gilles de Rome, existant dans de nombreux manus-
crits et plusieurs fois soumis à l'impression, est inscrit dans un codex de Vienne (cod. 561,
fol. 231) sous le nom de saint Thomas (Fratris Thomae de gradibus in formis), et même
attribué par l'inventaire du manuscrit à Guillaume de Moerbeke. {Incipit : Dixisti,
Domine Jesu Christe) — Un traité (/< formis que les éditeurs des œuvres d'.\lamannus
(1639) impriment en appendice (Incipit : Omnes homines natura scire desiderant) et attri-
buent à saint Thomas, n'est qu'un fragment du traité de Hervé de Nédellec, publié in
extenso en 1.Ô13 dans ses Quaestiones quodlihetales . Ce point a été fixé par E h r 1 e ,
Summa Philosophica a C. AUemanno (Paris, 1894), t. III, Pars. 2, p. V-XI. (dans la
Bibliotheca Theol. et Philos, scolasticae).
' On trouve le nom de saint Thomas apposé à des traités analogues à Erlangen (Acad.,
cod. 637, fol. 332f-337'' : Incipit tractatus beati Thome de imitate forme per modum
quaestionis) ; à Erfurt (Amplon. cod. F, 79, fol. 107^-113'' : Incipit tractatus fratris Thome
de eadeni materia (i. e. de gradu formarumX E h r 1 e , op. cit., p. XI.