Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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La pluralité <strong>de</strong>s farines au XIIF siècle 41<br />
seule peut expliquer l'être et l'activité spécifique du nouveau corps. Mais que<br />
<strong>de</strong>viennent ces forinae elementares? Ici se place le célèbre problème <strong>de</strong> la<br />
permanence <strong>de</strong>s éléments qui a défrayé tant <strong>de</strong> discussions au XIII^ siècle.<br />
Pour concilier la logique <strong>de</strong> leur système avec l'observation <strong>de</strong>s faits, le<br />
grand nombre <strong>de</strong>s « pluralistes » recourent à une distinction subtile : la<br />
forme substantielle <strong>de</strong> l'élément <strong>de</strong>meure {esse elemeiiti), mais son action<br />
(actio eleiiienti) est supplantée par celle d'une forme supérieure (forma<br />
iiu'xfioiiis). A l'instant où le travail <strong>de</strong> la nature aura achevé la dissolution<br />
du composé, les formes élémentaires exerceront à nouveau leur action<br />
temporairement suspendue.<br />
Saint Bonaventure ne <strong>trait</strong>e pas la question ex professo, mais ce qu'il<br />
apprend sur la composition du corps humain ne laisse aucun doute sur sa<br />
pensée'. Richard <strong>de</strong> Middleton, son disciple, est plus explicite'-^. Enfin,<br />
notons ce fait très significatif, que nous commenterons plus loin :<br />
la théorie<br />
d'Avicenne sur la permanence <strong>de</strong>s éléments dans le mixte est constitution-<br />
nelle pour la cosmologie d'Albert le Grand^ .<br />
Tout cela prouve que la pre-<br />
mière formule consciente qui ait apparu, en cette matière, dans la physique<br />
du XIII^ siècle, résolvait le problème <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s corps dans le<br />
sens <strong>de</strong> la pluralité <strong>de</strong>s formes.<br />
S'il en est ainsi dans le mixte inorganique, il en sera <strong>de</strong> même dans le<br />
corps vivant, où sous la dépendance du [principe vital, forme complétive<br />
supérieure, les éléments gar<strong>de</strong>nt leur nature propre. Mais, quand il s'agit <strong>de</strong><br />
l'homme, la question se pose sous un nouvel aspect, et son intérêt grandit.<br />
' « Sed is est ordo quotl forma elementaris unitur animae mediante forma mixtionis<br />
et forma mixtionis disponit ad formam complexionis.» In !. [I Sent., D. XVII, a. 2, q. 2, ad 6<br />
(t. II, p. 423); cf. D. XV, a. 1, q. 2. Et ce qu'il dit du corps humain, élevé dans la gloire<br />
<strong>de</strong> la vie future, s'applique à fortiori à la vie actuelle : « elementa manent in corpore<br />
illo secundum substantiam et qualitates et operationes. » In l. IV Sent., D. 49, p. II, art.<br />
princ. 2 a. 1, q. 1, in corp. <strong>Le</strong>s éditeurs <strong>de</strong> Quaracchi se déclarent dans le même sens,<br />
(t. II, p. 379).<br />
- V. la Ouaestio <strong>de</strong> grculii forniciriiin (Bibl. nation, ms. lat. 1.5962, fol. 176 ^B).<br />
^ « Elementorum forniae dupliciter sunt, scilicet primae et secundae. Primae qui<strong>de</strong>m<br />
sunt a quibus est esse élément! substantiale sine contrarietatt- et secundae sunt a quibus<br />
est esse elementi et actio. Et quoad primas formas, salvantur meo judicio in composito...<br />
et quoad secundas formas sive quoad secundum esse non rémanent in actu sed in poten-<br />
tia. » <strong>De</strong> caelo et mundo, Lib. III, tr. 2, cap. 1. — Cf. <strong>de</strong> Générât, et corritpt., tr. 6, c. 5, sq.<br />
V. Hist. <strong>de</strong> la Phi/, médiévale, p. 270.