Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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La pluralité <strong>de</strong>s formes an XIIF siècle 21<br />
séparées comme une' importation juive ': la philosophie du Fons vitae est<br />
une eau viciée qui vint corrompre le pur courant du fleuve aristotélicien.<br />
Duns"Scot, sans contredit le plus scientifique <strong>de</strong> ceux qui souscrivirent à<br />
ces <strong>de</strong>ux doctrines, se plaît <strong>de</strong> même à en restituer la paternité au philo-<br />
sophe juif d'Espagne^.<br />
L'histoire <strong>de</strong>s idées au Xlle siècle confirme ces témoignages <strong>de</strong>s grands<br />
docteurs scolastiques. Car les notions <strong>de</strong> matière et <strong>de</strong> forme, comme il<br />
sera dit plus loin, sont défigurées par les philosophes du haut moyen âge,<br />
par ceux-là mêmes qui manipulaient les textes augustiniens. Or, si les<br />
« augustiniens » <strong>de</strong> cette époque ne s'élevèrent pas à la conception<br />
définitive <strong>de</strong> saint Augustin, comment en auraient-ils fait le legs au<br />
XlIIe siècle ? Il fallut les événements décisifs <strong>de</strong> la renaissance péripatéti-<br />
cienne pour ramener la scolastique à une saine interprétation <strong>de</strong> la théorie<br />
hylémorphique. N'est-ce pas une preuve que le XlIIe siècle l'a puisée, non<br />
pas dans une étu<strong>de</strong> plus attentive et indépendante <strong>de</strong>s textes augustiniens<br />
jusque-là restés incompris, mais dans l'analyse <strong>de</strong> documents aristotéliciens,<br />
— quitte à rechercher en même temps la paraphrase <strong>de</strong> la philosophie<br />
nouvelle dans les écrits <strong>de</strong> l'évêque d'Hippone ?<br />
Ce qui corrobore cette façon <strong>de</strong> voir, c'est qu'une autre doctrine <strong>de</strong><br />
l'ancienne scolastique du XlIIe siècle, intimement liée à ces conceptions<br />
sur la matière première, est étrangère à la philosophie augustinienne et se<br />
rattache exclusivement à l'arabisme : ce sont toutes les théories relatives à<br />
la pluralité <strong>de</strong>s formes substantielles. Il en sera question dans la suite <strong>de</strong> ce<br />
chapitre. Ainsi nous sommes en présence d'un nouveau groupe <strong>de</strong> doc-<br />
trines pseudo-augustiniennes et mieux encore que dans le groupe précé<strong>de</strong>nt<br />
on y saisit le jeu <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> cause <strong>de</strong> caducité et d'hétérogénéité<br />
<strong>de</strong>s premières écoles scolastiques du XIII^ siècle ^<br />
• V. W i 1 1 m a n n, Die Stellung <strong>de</strong>s hl. Thomas von Aquin zu Avencebrol (Beitr. z.<br />
Gesch. d. Philos, d. Mittelalters, Bd. III, h. 3), p. 40 et suiv. Munster, 1900.<br />
- « Ego autem ad positionem Avicembronis re<strong>de</strong>o. » <strong>De</strong> rer. princ. q. 8, art. 4.<br />
' <strong>Le</strong> P. Mandonnet relève en outre, comme une doctrine augustinienne, l'absence <strong>de</strong><br />
distinction /orîwe/Ze entre le domaine <strong>de</strong> la philosophie et celui <strong>de</strong> la théologie. Non seu-<br />
lement cette doctrine n'est pas augustinienne, mais elle semble totalement étrangère à la<br />
scolastique. Henri <strong>de</strong> Gand, par exemple, cité parmi les augustiniens, a écrit quelques<br />
belles pages, au début <strong>de</strong> sa Somme théologiqiie, sur la distinction formelle <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
sciences. V. Hist Philos, scol, dans les Pays-Bas, p. 72 et suiv.