Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

L' innovation principicUe du t/ioinisine 49
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Une fois sa route frayée, saint Thomas s'y engage sans regarder en
arrière ; il s'occupe de l'unité des formes, coup sur coup, tout le long de ses
œuvres, sans se laisser émouvoir un instant par les attaques et les critiques
dont il était l'objet. On a admiré qu'aux jours les plus mouvementés de la
cabale dirigée contre lui, il ne s'est pas départi un instant de sa sérénité
habituelle. Les Oiiodlibet I-III, composés de Pâques 1269 à Pâques 1270,
abordent à diverses reprises la question des formes, sans rien laisser per-
cer de l'agitation bruyante qu'on menait alors autour de la thèse novatrice.
Est-ce à cause de ces attaques ouvertes des uns, de la sourde hosti-
lité des autres que saint Thomas oppose, comme un rempart, les grands
arguments métaphysiques de la théorie ? Il faut renoncer à marquer tous
les endroits où il aborde le problème. Les Commentaires sur les Sentences,
la Somme contre les Gentils (premier séjour à Paris), la Somme Tlicolo-
giqiie (commencée en Italie de 1265 à 1268), la Qnaestio dispiitata de anima
(1261-1264), plus tard, lors de son second séjour à Paris (1269-fin 1271 ou
début 1272), le de spiritualibus creatnris, les premiers Ouodlibet —:
pour
marquer quelques grandes étapes de sa vie scientifique — prennent la thèse
de l'unité sous des angles divers, qui tous se complètent pour former un
merveilleux ensemble. Au milieu de ses œuvres, le maître a tracé comme
autant d'avenues dont l'œil saisit aussitôt la convergence vers un point
central.
Est-il l'auteur d'un traité ex professo sur l'unité de la forme ? Les inces-
santes attaques de ses contradicteurs le décidèrent-elles à lancer un factum
de guerre, — comme le de periculis novissimorum temporum de Guillaume
de Saint-Amour provoqua son pamphlet contra impugnantes Dci ckUuiu ;
comme il rédigea en réponse à Gérard d'Abbeville et Nicolas de Lisieux ses
opuscules de perfectione vitae spirittialis et contra doctrinam retraJientium
a religione ; ou encore comme il écrivit contre le de anima inteUectiva de
Siger de Brabant son traité de iiiiitafe intellectits contra Ai'erroistas ?
Un des plus anciens catalogues des œuvres dominicaines du XIII^ siècle
— nous le décrivons plus loin ' — attribue à saint Thomas un traité de uni-
' A propos des œuvres de Gilles de Lessines. V. le début du Chapitre cinquième.