Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College
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42 Chupityc <strong>De</strong>uxième<br />
Il s'agit <strong>de</strong> savoir s'il faut rattacher à la même forme la complexité vitale du<br />
microcosmos que nous sommes. Y a-t-il une ou plusieurs âmes en nous ? <strong>Le</strong>s<br />
plus célèljres parmi les représentants <strong>de</strong> l'ancienne scolastique se sont<br />
refusés à introduire dans l'âme humaine le principe <strong>de</strong> la multiplication. Et<br />
quand nous disons les plus célèbres, nous avons nommé Alexandre <strong>de</strong> Halès,<br />
Albert le Grand', saint Bonaventure'', Richard <strong>de</strong> Middlet(jn''.<br />
Mais d'autres — et sont-ils moins logiques — ont tiré du principe<br />
tout ce qu'il contient. Ils ont enseigné la pluralité <strong>de</strong>s âmes, non plus à la<br />
façon <strong>de</strong> Platon, mais conformément au génie <strong>de</strong> l'aristotélisme. C'est le<br />
cas <strong>de</strong> Guillaume <strong>de</strong> la Mare, le fougueux auteur du Correctorium fratris<br />
Thomae <strong>de</strong> Arpiino* . C'est aussi contre un <strong>de</strong> ces partisans <strong>de</strong> la plu-<br />
ralité <strong>de</strong>s âmes que <strong>Gilles</strong> <strong>de</strong> <strong>Le</strong>ssines a composé sa monographie sur<br />
les formes.<br />
En dépit <strong>de</strong> <strong>trait</strong>s <strong>de</strong> t.iiiiille prononcés, les sj'stèmes pluralistes alTectent<br />
donc la physionomie la i)lus variée. Quand saint Thomas parut en scène,<br />
pendant toute la durée <strong>de</strong> son enseignement, et encore dans les années<br />
qui le suivirent immédiatement, les formules pullulaient. Elles ont justifié<br />
cette bouta<strong>de</strong> d'un <strong>de</strong> ses disciples, Hervé <strong>de</strong> Né<strong>de</strong>llec : « quidam<br />
posuerunt in rébus naturalibus esse tantum duas formas substantiales,<br />
quidam vero très, quidam tôt formas quot gênera, quidam secundum<br />
quamlibet jjerfectionem totius vel partis posuerunt diversam formam<br />
substantialein, tiuidam autem posuerunt plures animas, quidam ex eis<br />
unam tantum animam cum forma corporeitatis, quidam vero in homine<br />
solum duas formas, in aliis autem omnibus unam tantum. Et ut breviter<br />
dicam, quia isti omnes reliquerunt <strong>unitate</strong>m formae et veritatem quae uno<br />
modo se hal)et, et adhaeserunt falsitati quae infinitis modis potest con-<br />
tingere, in tantos et tam varios inci<strong>de</strong>runt errores ut etiam sentientibus<br />
cum eis difficile, immo impossibile sit viam aliquam eligere tutiorem »^.<br />
> <strong>De</strong> anima, 1. I, tr. II, cap. 16 ; 1. II, tr. II, cap. 1 ; 1. III, tr. V, cap. 4.<br />
' L'âme intellectuelle « non tantum dat esse, verum etiam vivere et sentire et intelli-<br />
gere. » Breviloq., p. II, c. 9 (t. V, p. 227).<br />
» Op. cit., fol. 177' B.<br />
^ Cité par Wittmann, op. cit., p. 63.<br />
' Hervé <strong>de</strong> Né<strong>de</strong>llec, <strong>De</strong> gradu formarum, q. XVIII (éd. Venise, 1513, fol. 86' B).