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Le trait "De unitate formae" de Gilles de Lessines ... - Boston College

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<strong>Gilles</strong> <strong>de</strong> <strong>Le</strong>ssines ci les agitations universitaires 79<br />

aient été pour <strong>Gilles</strong> <strong>de</strong> <strong>Le</strong>ssines une révélation, et peut-être l'occasion déci-<br />

sive <strong>de</strong> sa mise à l'œuvre, on est fort tenté <strong>de</strong> le croire, si l'on tient compte<br />

que le manuscrit du <strong>de</strong> tinitate formae est daté du mois <strong>de</strong> juillet 1278.<br />

Notons toutefois que quinze mois séparent sa publication <strong>de</strong>s mesures<br />

prohibitives prises à Paris et à Oxford, et surtout que le pamphlet ne con-<br />

tient aucun texte qui puisse être considéré comme une allusion directe' à<br />

ces événements. Par contre, on sent partout, <strong>de</strong>rrière les textes du <strong>trait</strong>é,<br />

la théorie et les arguments du Cantuarieusis.<br />

Nous rappelions tout à l'heure que le manuscrit <strong>de</strong> <strong>Gilles</strong> — chose<br />

précieuse dans les documents philosophiques du moyen âge — consigne<br />

la date à laquelle l'auteur acheva son œuvre. Or, les <strong>de</strong>ux manuscrits que<br />

nous avons étudiés ne s'accor<strong>de</strong>nt pas sur ce point : tandis que le co<strong>de</strong>x<br />

<strong>de</strong> Paris est daté <strong>de</strong> juillet 1278, le co<strong>de</strong>x <strong>de</strong> Bruxelles nous reporte à juil-<br />

^t 1288. <strong>Le</strong> fait mérite d'être examiné <strong>de</strong> plus près, car un ensemble <strong>de</strong><br />

circonstances crée entre les événements qui se déroulent à Oxford vers 1277<br />

et huit ou dix ans plus tard, une analogie frappante, permettant à première<br />

vue d'ajouter foi indifféremment au copiste <strong>de</strong> Paris ou à celui <strong>de</strong> Bruxelles.<br />

<strong>Le</strong> 12 mars 1278, Robert Kilwardby fut créé cardinal; il eut pour suc-<br />

cesseur à Cantorbéry le franciscain John Peckham. Par conséquent, au<br />

mois <strong>de</strong> juillet 1278, Kilwardby n'était plus archevêque <strong>de</strong> Cantorbéry.<br />

D'autre part, Peckham reprit <strong>de</strong> plus belle la tactique <strong>de</strong> son prédécesseur,<br />

bien que, dans l'intervalle, les frères Prêcheurs d'Oxford aient cessé toute<br />

opposition à la doctrine <strong>de</strong> Thomas d'Aquin. A partir <strong>de</strong> 1284, le successeur<br />

<strong>de</strong> Kilwardby manifeste officiellement son hostilité au thomisme. Une visite<br />

officielle qu'il fit à Oxford en octobre 1284 lui servit <strong>de</strong> prétexte pour<br />

s'enquérir <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong>s étudas dans l'université, et pour interdire certains<br />

' L'exposé <strong>de</strong>s motifs, que contiennent les premières lignes du <strong>trait</strong>é, se rapporte à<br />

l'état général <strong>de</strong> défiance que la théorie thomiste avait provoqué, et non pas au décret <strong>de</strong><br />

Paris ou à celui d'Oxford. Ce <strong>de</strong>rnier d'ailleurs n'a pas condamné, comme hérétique, la<br />

thèse <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong>s formes. Quand <strong>Gilles</strong> écrit :<br />

« ut... eam asserant... haereticam et contra<br />

fi<strong>de</strong>m catholicam », il parle <strong>de</strong>s discussions d'école où l'on se <strong>trait</strong>ait mutuellement d'héré-<br />

tique (doctores authentici et famosi diversimo<strong>de</strong> sentiunt et diversa tenent) et non d'un<br />

acte officiel <strong>de</strong> l'autorité universitaire. V. p. 3]. En outre, on peut noter que <strong>Gilles</strong> parle<br />

<strong>de</strong>s cantuarienses et non <strong>de</strong>s oxonienses, liien que les partisans <strong>de</strong> Kilwardby fussent<br />

avant tout les maîtres d'Oxford.

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