L'immunité de la France envers le fascisme: un demi ... - Marc Angenot

Sean Kennedy constate que le débat sur le fascisme-ou-pas est devenu
de plus en plus sophistiqué, mais est plus loin que jamais d’un
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consensus. C’est le moins qu’on puisse dire. L’argumentation des
disculpateurs se développe toutefois de façon singulière: les ingrédients
sont additionnés, ultra-nationalisme, troupes de choc, répudiation de
la démocratie parlementaire, haine des socialistes et des communistes,
valorisation de la violence ou, en tout cas, pas ennemi de la manière
forte: les historiens admettent tout ceci – avec des bémols – mais il
manque toujours un je-ne-sais-quoi qui ferait admettre le «fascisme» de
l’ensemble. Le projet du PSF de société régénérée et de régime
présidentiel à substituer au régime d’assembléeen fait plutôt, comme
je l’ai suggéré, un proto-gaullisme – ce qui explique en bonne partie les
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réticences. Mais, demandait Irvine , est-ce que trouver le bon «label»
pour les Croix de feu est la tâche ultime de l’historien? «Is it not more
important simply to give this formation the serious scholarly study it
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deserves»? Certes. J’ai déjà suggéré que les débats sur les années 1930
se sont déroulés jusqu’à récemment dans un grand vide de recherches
de terrain de la qualité précise de celle de Kevin Passmore signalée cidessus
– et un autre vide toujours béant de recherches comparatistes
auxquelles les historiens français ne s’adonnent pas et dont leur
chauvinisme méthodologique ne leur fait pas sentir la nécessité. 229
# Le Parti de Jacques Doriot
226. Reconciling France against Democracy: the Croix de feu and the Parti social français. Montreal:
McGill-Queen’s, 2007, 9.
227. Article cit.
228. 294.
229. On verra aussi sur cette approche comparée: Orlow, Dietrich. The Lure of Fascism in Western
Europe. German Nazis, Dutch and French Fascists 1933-1939. London, New York : Palgrave
Macmillan, 2009.
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