L'immunité de la France envers le fascisme: un demi ... - Marc Angenot
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souligné par Z. St., éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong>meurés «fréquentab<strong>le</strong>s»,<br />
Freud, Durkheim, Max Weber...) nétaient pas souvent justifiées,<br />
perspicaces et vali<strong>de</strong>s. Il suffit pour en juger et <strong>le</strong>s c<strong>la</strong>sser quel<strong>le</strong>s<br />
convergent et contribuent à l«imprégnation» préfasciste. À <strong>la</strong><br />
différence <strong>de</strong>s théories antisémites et racistes, jugées davance,<br />
Sternhell ne dit pas que toutes ces critiques socia<strong>le</strong>s et politiques du<br />
tournant du sièc<strong>le</strong> sont scélérates ou sophistiques, au contraire même,<br />
il <strong>le</strong>s trouve souvent intelligentes, mais il lui suffit <strong>de</strong> suggérer quil y<br />
avait <strong>de</strong>s «atomes crochus» qui <strong>le</strong>s rattacheraient à dautres conceptions<br />
plus douteuses et <strong>de</strong> faire entrevoir <strong>le</strong>ur «<strong>de</strong>stinée» agglomérative si je<br />
puis dire, pour quel<strong>le</strong>s soient frappées <strong>de</strong> suspicion.<br />
— Sternhell semb<strong>le</strong> penser en termes <strong>de</strong> «pente fata<strong>le</strong>»: <strong>la</strong> critique <strong>de</strong>s<br />
mœurs démocratiques pouvait être juste et partir <strong>de</strong> bons sentiments,<br />
supposons-<strong>le</strong>, mais, <strong>de</strong> proche en proche, <strong>la</strong> «révolte» <strong>de</strong> ces penseurs<br />
dissemb<strong>la</strong>b<strong>le</strong>s était «dirigée contre <strong>le</strong>nsemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs léguées par<br />
48<br />
<strong>le</strong>s Lumières et <strong>la</strong> Révolution française». Il en résulte que «tous <strong>le</strong>s<br />
penseurs qui ont soumis à <strong>un</strong> examen critique <strong>la</strong> "religion du progrès"<br />
49<br />
ou l<strong>un</strong>iversalisme abstrait», constate en protestant Pierre André<br />
Taguieff, sont jetés sans ménagement dans <strong>le</strong> gouffre préfasciste. Mais<br />
à auc<strong>un</strong> moment <strong>la</strong>uteur ne dit pourquoi ces idées et ces va<strong>le</strong>urs<br />
<strong>de</strong>vaient <strong>de</strong>meurer intouchab<strong>le</strong>s et intangib<strong>le</strong>s – sauf, justement, à<br />
raisonner par <strong>le</strong>s conséquences.<br />
Je prends <strong>le</strong> risque <strong>de</strong>xpliciter ici ce qui agace fondamenta<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s<br />
critiques <strong>de</strong> Sternhell: ils décè<strong>le</strong>nt au fond constamment <strong>un</strong>e tendance<br />
aux paralogismes staliniens, jugements par amalgame, par anachronismes<br />
rétrospectifs et «culpabilités objectives».<br />
48. Droite..., 23.<br />
49. Taguieff, Pierre-André. Les contre-réactionnaires. Le progressisme entre illusion et imposture.<br />
Paris: Denoël, 2007, 322.<br />
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