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03 carlos castaneda le voyage a Ixtlan

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ment attentifs à la nature de <strong>le</strong>urs actes. Leur bonheur<br />

est d’agir en p<strong>le</strong>ine connaissance du fait qu’ils n'ont<br />

pas <strong>le</strong> temps. Par conséquent <strong>le</strong>urs actes ont un<br />

pouvoir spécial, <strong>le</strong>urs actes ont un sens de... »<br />

Il semblait à court de mots. Il se gratta <strong>le</strong>s tempes et<br />

me sourit. Puis soudain, comme si la conversation<br />

venait de prendre fin, il se <strong>le</strong>va. Je <strong>le</strong> suppliai de<br />

terminer sa phrase. Il se rassit et plissa <strong>le</strong>s lèvres.<br />

« Les actes ont un pouvoir. Particulièrement lors-<br />

que celui qui agit sait qu’ils sont sa dernière batail<strong>le</strong><br />

sur terre. Il existe un étrange et brûlant bonheur dans<br />

<strong>le</strong> fait d'agir en sachant parfaitement que cet acte peut<br />

tout aussi bien être <strong>le</strong> dernier de la vie. Je te recom-<br />

mande de reconsidérer la tienne et d'accomplir tes<br />

actions en pensant à cela. »<br />

J’exprimai mon désaccord. Le bonheur consistait, à<br />

mon avis, à supposer qu’il y avait une continuité<br />

inhérente à mes actes et aussi à être certain que je<br />

serais capab<strong>le</strong> de continuer volontairement à faire<br />

tout ce que je faisais, particulièrement si cela me<br />

procurait du plaisir. J’insistai sur <strong>le</strong> fait que mon<br />

désaccord était crucial puisqu'il prenait naissance<br />

dans ma conviction que <strong>le</strong> monde ainsi que moi-même<br />

avions une continuité définissab<strong>le</strong>.<br />

Mes efforts pour arriver à m’exprimer clairement<br />

amusaient don Juan. Il rit, hocha la tête, se gratta <strong>le</strong><br />

crâne, et lorsque je parlai de « continuité définissa-<br />

b<strong>le</strong> », il jeta son chapeau par terre et <strong>le</strong> piétina.<br />

Ses clowneries me firent rire.<br />

« Mon ami, tu n'as pas <strong>le</strong> temps. C'est là <strong>le</strong> malheur<br />

des hommes. Aucun de nous n’a suffisamment de<br />

temps, et dans ce monde effrayant, dans ce monde<br />

mystérieux, ta continuité ne signifie rien,<br />

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