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03 carlos castaneda le voyage a Ixtlan

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Il plut longtemps. L’eau était tiède, je la sentais sur mes pieds. Je m’endormis.<br />

Les piail<strong>le</strong>ments des oiseaux me réveillèrent. Je cherchai don Juan. Il avait disparu. D'habitude<br />

je me serais immédiatement demandé si don Juan n'avait pas décidé de m'abandonner, mais <strong>le</strong><br />

choc immédiat fut de voir <strong>le</strong>s environs. J'en fus figé sur place.<br />

Je me re<strong>le</strong>vai. Mes jambes étaient trempées, <strong>le</strong> rebord de mon chapeau tout imbibé et ce qu'il<br />

restait d’eau me tomba dessus. Je n'étais pas dans une caverne. J'étais sous des buissons. La<br />

confusion la plus terrifiante me gagna. J'étais debout dans une zone plate entre deux petites<br />

bosses de terrain couvertes de végétation. A ma gauche il n’y avait pas d’arbres, pas plus qu'une<br />

vallée à ma droite, et devant moi, là où je vis ce sentier dans la forêt il y avait un énorme buisson.<br />

Je n’en croyais pas mes yeux. Mes deux versions de réalité restaient tel<strong>le</strong>ment incompatib<strong>le</strong>s<br />

qu’el<strong>le</strong>s défiaient toute explication. Peut-être don Juan m'avait-il transporté jusqu'ici sans me<br />

réveil<strong>le</strong>r ?<br />

J'examinai l'endroit où je m’étais réveillé. Le sol était sec ainsi qu'à côté, la place de don Juan.<br />

Par deux fois je l'appelai, puis, gagné par l'anxiété, de toutes mes forces je hurlai son nom. Il<br />

surgit de derrière <strong>le</strong>s buissons. Sur-<strong>le</strong>-champ je compris ce qui se passait. Il avait un sourire<br />

tel<strong>le</strong>ment espièg<strong>le</strong> que je ne pus m’empêcher à mon tour de sourire.<br />

Je n'avais pas envie de perdre du temps. Aussi précisément que possib<strong>le</strong> je lui détaillai mes<br />

hallucinations. Il m’écouta sans m’interrompre mais sans réussir à garder son sérieux, car deux<br />

fois il pouffa de rire pour immédiatement se ressaisir.<br />

Trois ou quatre fois je lui demandai son avis. Il hochait la tête comme si toute cette affaire lui<br />

restait tout autant qu'à moi incompréhensib<strong>le</strong>.<br />

176<br />

Mon récit fini il me regarda et dit :<br />

« Tu as mauvaise mine. Peut-être as-tu besoin d’al-<br />

<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s buissons ? »<br />

Il caqueta de rire pendant un moment puis il me<br />

conseilla de retirer mes vêtements, de <strong>le</strong>s tordre, car<br />

ainsi ils sécheraient plus rapidement.<br />

Le so<strong>le</strong>il brillait. Quelques nuages traînaient dans <strong>le</strong><br />

ciel. Le fond de l'air restait frais.<br />

Don Juan s'éloigna en précisant qu’il allait récolter<br />

des plantes et qu'en l'attendant je devrais manger,<br />

rétablir mes esprits et ne l'appe<strong>le</strong>r que lorsque je me<br />

sentirais calme et fort.<br />

L‘eau dégoulinait de mes vêtements. Je m’assis au<br />

so<strong>le</strong>il en attendant qu'ils séchassent. Pour me déten-<br />

dre je sortis mon carnet, et tout en mangeant je<br />

travaillai à mes notes.<br />

Deux heures plus tard je me sentis assez calme pour<br />

me risquer à appe<strong>le</strong>r don Juan Il me répondit d'un<br />

point presque en haut de la colline. Il me dit de

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