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03 carlos castaneda le voyage a Ixtlan

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pouvoir personnel, qu'il soit insignifiant ou considé-<br />

rab<strong>le</strong>. »<br />

Un peu plus tard il me demanda si j'allais mieux.<br />

J’acquiesçai du chef, et rapidement, presque sans un<br />

bruit, il partit.<br />

Je regardai autour de moi. J’eus l'impression d’être<br />

dans une zone d'épaisse végétation car je ne pouvais<br />

distinguer que <strong>le</strong>s masses sombres des buissons ou des<br />

petits arbres. Je tendis l'oreil<strong>le</strong> pour me concentrer<br />

sur <strong>le</strong>s bruits ; rien de particulier ne me frappa. Le<br />

vent dominait tout autre bruit à l’exception des rares<br />

cris perçants des grands-ducs et du siff<strong>le</strong>ment de<br />

quelques autres oiseaux.<br />

J'attendis un instant dans un état d'extrême concen-<br />

tration. Alors me parvint <strong>le</strong> hulu<strong>le</strong>ment grinçant et<br />

prolongé d'un hibou. Sans aucun doute il s’agissait de<br />

don Juan. Le cri venait de derrière. Je fis demi-tour et<br />

allai dans cette direction. Je marchais assez <strong>le</strong>ntement<br />

parce que gêné par l'obscurité.<br />

Pendant deux minutes je marchai. Soudain une<br />

masse noire bondit devant moi. Je hurlai et tombai à<br />

la renverse. Mes oreil<strong>le</strong>s bourdonnaient. La peur me<br />

coupait <strong>le</strong> souff<strong>le</strong>. Il me fallut rester la bouche grande<br />

ouverte pour respirer.<br />

« Debout, dit don Juan. Je n'ai pas voulu t’effrayer.<br />

Je venais à ta rencontre. »<br />

Il avait observé ma détestab<strong>le</strong> façon de marcher. Je<br />

me déplaçais dans <strong>le</strong> noir comme une vieil<strong>le</strong> paralyti-<br />

que contournant sur la pointe des pieds <strong>le</strong>s flaques de<br />

boue.<br />

Il me montra une façon particulière de marcher<br />

dans <strong>le</strong> noir qu’il nomma « la marche de pouvoir ». Il<br />

s'immobilisa devant moi et me demanda de passer <strong>le</strong>s<br />

mains sur son dos et ses genoux pour savoir quel<strong>le</strong><br />

posture adopter. Il avait <strong>le</strong> buste penché en avant<br />

mais <strong>le</strong> dos demeurait absolument plat. Ses genoux<br />

étaient légèrement pliés.<br />

222<br />

Il marcha <strong>le</strong>ntement devant moi pour que je puisse<br />

me rendre compte qu’à chaque pas il <strong>le</strong>vait un genou<br />

presque jusqu'à sa poitrine. Il s'éloigna en courant et<br />

revint. Je n'arrivais pas à comprendre comment il

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