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03 carlos castaneda le voyage a Ixtlan

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s'ouvrait au sud. Je m’avançai vers l'ouest. La vue était superbe. La pluie nous avait contournés<br />

et semblait être un rideau de matière transparente déroulé au-dessus des basses terres.<br />

Don Juan déclara que nous avions assez de temps pour construire un abri. Il me demanda<br />

d’empi<strong>le</strong>r tous <strong>le</strong>s rochers que je pourrais transporter jusqu'au balcon pendant qu’il allait<br />

ramasser quelques branches pour faire <strong>le</strong> toit.<br />

En une heure il édifia à l'est de la plate-forme un mur épais d'environ trente centimètres, haut de<br />

quatre-vingt-dix et long de soixante. Il tissa .et noua quelques poignées de branches pour en<br />

faire un toit qu’il fixa sur deux longs piquets fourchus. Un troisième support identique reposait de<br />

l'autre côté du mur. L'ensemb<strong>le</strong> ressemblait à une haute tab<strong>le</strong> à trois pieds.<br />

Il s'installa au-dessous assis en tail<strong>le</strong>ur, juste au bord de la corniche. Il me dit de m'asseoir à sa<br />

droite, tout contre lui. Pendant un moment nous restâmes sans souff<strong>le</strong>r mot.<br />

Don Juan rompit <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce. En chuchotant il m'in-<br />

diqua de me comporter comme si de rien n’était. Je lui demandai si je devais faire quelque chose<br />

de spécial. Il répondit que je ferais mieux de prendre des notes exactement comme si j’étais à<br />

ma tab<strong>le</strong> de travail, sans aucun souci au monde excepté celui d'écrire. A un moment donné il<br />

allait me pousser du coude et alors je devrais regarder dans la même direction que lui, mais en<br />

aucun cas ne laisser passer un mot quel que soit ce que je verrais. Lui seul pouvait par<strong>le</strong>r sans<br />

risque parce qu'il était connu de tous <strong>le</strong>s pouvoirs de ces montagnes.<br />

Pendant plus d’une heure je pris des notes. Mon travail m'absorbait. Tout à coup je sentis une<br />

tape sur mon bras et je vis son regard dirigé vers un banc de brouillard qui à environ deux cents<br />

mètres de nous<br />

170<br />

descendait du sommet de la montagne. Don Juan<br />

murmurait à mon oreil<strong>le</strong> des mots à peine compréhen-<br />

sib<strong>le</strong>s,<br />

« Déplace tes yeux dans un sens puis dans l'autre <strong>le</strong><br />

long du banc de brouillard, mais ne <strong>le</strong> regarde pas<br />

directement. Cligne des yeux et ne concentre pas ton<br />

regard sur <strong>le</strong> brouillard. Lorsque tu apercevras un<br />

point vert sur <strong>le</strong> brouillard, montre-<strong>le</strong>-moi des yeux. »<br />

Je laissai mes yeux al<strong>le</strong>r de droite à gauche sur <strong>le</strong><br />

banc de brouillard qui <strong>le</strong>ntement venait vers nous.<br />

Une demi-heure passa. La nuit tombait. Le brouillard<br />

se déplaçait avec une extrême <strong>le</strong>nteur. A un moment<br />

j'eus la brusque sensation d'avoir perçu une faib<strong>le</strong><br />

lueur à ma droite. Au premier abord j’avais cru qu’il<br />

s’agissait d'un buisson vert dans une trouée du brouil-<br />

lard. Lorsque je fixais l’endroit je ne voyais rien, mais

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