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03 carlos castaneda le voyage a Ixtlan

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arpentait la rue de haut en bas, affolé par toutes <strong>le</strong>s bonnes choses étalées partout. Il était<br />

tel<strong>le</strong>ment excité qu’il ne regardait plus où il marchait ; ainsi il renversa des paniers et trébucha sur<br />

un vieillard.<br />

Ce dernier portait quatre énormes gourdes, et il venait de s'asseoir pour se reposer et manger.<br />

Avec un sourire de connivence don Juan précisa que <strong>le</strong> vieillard fut bien étonné de rencontrer <strong>le</strong><br />

jeune homme de manière aussi fortuite, mais que ce dérangement ne l’irrita pas, car il était curieux<br />

de savoir pourquoi ce jeune homme avait trébuché sur lui. Le jeune homme, lui, éclata de colère et<br />

maugréa que <strong>le</strong> vieux n’aurait pas dû se trouver sur son chemin. La raison ultime de <strong>le</strong>ur rencontre<br />

ne <strong>le</strong> concernait absolument pas, il ne pouvait même pas se rendre compte que <strong>le</strong>urs chemins<br />

venaient de se croiser.<br />

Don Juan imita quelqu'un qui poursuit un objet roulant au sol. Puis il dit que sous l'effet du choc<br />

<strong>le</strong>s gourdes du vieillard avaient roulé <strong>le</strong> long de la ruel<strong>le</strong>. En <strong>le</strong>s voyant <strong>le</strong> jeune homme crut avoir<br />

enfin trouvé à manger. Il aida <strong>le</strong> vieillard et insista pour porter <strong>le</strong>s gourdes. Le vieillard dit qu’il s’en<br />

allait chez lui dans <strong>le</strong>s montagnes ; <strong>le</strong> jeune homme s'offrit pour l'accompagner ne fût-ce que sur<br />

une partie du chemin.<br />

Le vieillard s'engagea dans <strong>le</strong> sentier qui conduisait vers <strong>le</strong>s montagnes et tout en marchant<br />

partagea avec son compagnon une partie de la nourriture qu’il venait d'acheter au marché. Le<br />

jeune homme se remplit la panse, et une fois repu réalisa que ces gourdes semblaient vraiment<br />

lourdes. Il <strong>le</strong>s tint solidement.<br />

Don Juan ouvrit ses yeux tout grands et eut un sourire malicieux en racontant que <strong>le</strong> jeune<br />

homme demanda : « Que portez-vous donc dans ces gourdes ? » Le vieillard ne répondit pas,<br />

mais déclara qu’il allait lui donner la chance de rencontrer un compagnon ou un ami qui pourrait<br />

l'aider à adoucir<br />

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ses misères et qui lui ferait acquérir la sagesse et la<br />

connaissance des choses du monde,<br />

D'un geste majestueux des deux mains don Juan<br />

montra comment <strong>le</strong> vieillard fit venir <strong>le</strong> plus beau cerf<br />

qu'il fût jamais donné de voir au jeune homme. Ce cerf<br />

était si confiant qu'il s’approcha et tourna autour de<br />

lui. Il resp<strong>le</strong>ndissait. Le jeune homme fut subjugué, et<br />

comprit sur-<strong>le</strong>-champ qu’il s’agissait d'un « esprit-<br />

cerf ». Le vieillard lui confia que s’il désirait cet ami et<br />

sa sagesse, il n'avait qu'à poser <strong>le</strong>s gourdes.<br />

Le visage de don Juan exprima l'ambition. Il dit que<br />

<strong>le</strong>s mauvais désirs du jeune homme furent aiguillon-<br />

nés par ces mots. Il posa la question du jeune homme<br />

tout en rétrécissant ses yeux qui laissèrent passer une<br />

lueur diabolique : « Qu'y a-t-il dans ces gourdes ? »<br />

Don Juan dit que <strong>le</strong> vieillard répondit calmement<br />

qu’il <strong>le</strong>s avait remplies avec la nourriture qu'il trans-<br />

portait, des graines de pin et de l'eau. Puis il interrom-

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