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03 carlos castaneda le voyage a Ixtlan

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parent soufflé du haut de la montagne al<strong>le</strong>r <strong>le</strong> long du<br />

pont sans <strong>le</strong> détruire, comme si ce pont était réel<strong>le</strong>-<br />

ment solide. A un moment donné, <strong>le</strong> mirage fut<br />

tel<strong>le</strong>ment fort que je pus apercevoir la noirceur du<br />

dessous du pont tranchant sur la cou<strong>le</strong>ur claire de son<br />

flanc de grès.<br />

Stupéfait je ne quittai pas <strong>le</strong> pont des yeux. Et alors,<br />

ou bien je m’é<strong>le</strong>vai jusqu’à lui, ou bien il descendit<br />

jusqu'à moi, mais tout à coup je vis une poutre droit<br />

devant moi, une poutre infiniment longue, solide,<br />

étroite, sans garde-fou mais assez large pour passer<br />

dessus.<br />

Don Juan me secoua bruta<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> bras. Je sentis<br />

ma tête balancer d'avant en arrière et alors je me<br />

rendis compte d’une terrib<strong>le</strong> irritation dans mes yeux.<br />

Inconsciemment je <strong>le</strong>s frottai. Don Juan continuait à<br />

me secouer et cela dura jusqu’à ce que j’aie rouvert<br />

mes yeux. Il prit dans la gourde un peu d'eau et<br />

m'aspergea <strong>le</strong> visage. Ce fut une sensation extrême-<br />

ment désagréab<strong>le</strong>. L’eau semblait tel<strong>le</strong>ment froide<br />

que chaque goutte fut comme une piqûre sur ma peau.<br />

Alors je me rendis compte que j'avais très chaud,<br />

j'étais fiévreux.<br />

En hâte don Juan me donna à boire et m'aspergea <strong>le</strong><br />

cou et <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s.<br />

J'entendis un cri d'oiseau, un cri très fort, prolongé,<br />

surnaturel. Don Juan écouta attentivement, puis il<br />

poussa du pied <strong>le</strong> mur de pierre, fit tomber <strong>le</strong> toit et <strong>le</strong><br />

lança dans <strong>le</strong>s buissons avant de jeter <strong>le</strong>s cailloux au<br />

loin un à un.<br />

Il chuchota à mon oreil<strong>le</strong> :<br />

« Bois un peu d'eau et mâche de la viande séchée.<br />

Nous devons nous en al<strong>le</strong>r. Ce cri n'était pas un<br />

oiseau. »<br />

Nous descendîmes la paroi puis marchâmes vers<br />

l’est. Immédiatement la nuit tomba sur nous comme<br />

un rideau. Le brouillard semblait une impénétrab<strong>le</strong><br />

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barrière. Jamais je ne m'étais rendu compte combien <strong>le</strong> brouillard pouvait être un handicap<br />

pendant la nuit. Je n'arrivais pas à comprendre comment don Juan se déplaçait, et je m'accrochais<br />

à son bras guidé comme un aveug<strong>le</strong>.<br />

D’une certaine manière j'avais l’impression de marcher au bord d'un précipice. Mes jambes

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