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03 carlos castaneda le voyage a Ixtlan

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la faib<strong>le</strong> pente, mais il s'arrêta et demeura dans une<br />

position de très grande attention. Son corps semblait<br />

s'être tendu, et pendant un instant il frémit. Puis il se<br />

détendit et resta là, mol<strong>le</strong>ment debout. Je n’arrivai<br />

pas à comprendre comment il pouvait se maintenir<br />

debout avec des musc<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong>ment relâchés.<br />

Au même instant une très forte rafa<strong>le</strong> de vent me fit<br />

sursauter. Le corps de don Juan se tourna dans la<br />

direction du vent, l'ouest. Pour se tourner il ne fit pas<br />

usage de ses musc<strong>le</strong>s, en tout cas pas comme on <strong>le</strong>s<br />

utilise norma<strong>le</strong>ment pour tourner. Le corps de don<br />

Juan sembla avoir été manipulé de l'extérieur comme<br />

si, pour faire face à une autre direction, quelqu'un<br />

d'autre l’avait déplacé.<br />

Je ne <strong>le</strong> quittai pas des yeux, et je <strong>le</strong> vis me regarder<br />

du coin de l'œil. Son visage marquait une détermina-<br />

tion, une intention indubitab<strong>le</strong>s. Son être tout entier<br />

restait attentif. Il m’émerveillait. Je n’avais jamais été<br />

dans une situation réclamant une aussi étrange<br />

concentration.<br />

Soudain son corps frissonna comme sous l'effet<br />

d'une douche froide. Il eut un soubresaut, puis se mit à<br />

marcher comme si rien ne s’était passé.<br />

Je <strong>le</strong> suivis. Nous traversâmes <strong>le</strong> flanc oriental de<br />

collines nues jusqu'à ce que nous fussions au milieu<br />

d'el<strong>le</strong>s. Là il s'arrêta <strong>le</strong> visage vers l’ouest.<br />

Vu de cet endroit <strong>le</strong> sommet de la colline n'était plus<br />

aussi arrondi et régulier qu'à distance. Près du som-<br />

met il y avait une caverne ou un trou. A l'instar de don<br />

Juan je fixai ce détail. Une forte rafa<strong>le</strong> de vent me fit<br />

frissonner. Don Juan se tourna vers <strong>le</strong> sud pour scruter<br />

attentivement <strong>le</strong> paysage étendu devant nous.<br />

« Là ! » chuchota-t-il, et il désigna un objet au sol.<br />

Je m'efforçai de voir. A environ sept mètres il y avait<br />

quelque chose par terre, quelque chose de châtain qui<br />

me faisait frissonner. Je me concentrai sur cet objet<br />

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presque rond, comme enroulé sur lui-même, peut-être<br />

un chien endormi.<br />

« Qu'est-ce donc ? murmurai-je.<br />

– Je n'en sais rien, chuchota-t-il -sans toutefois<br />

quitter l'objet des yeux. A ton avis, à quoi ressemb<strong>le</strong>-

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