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<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />
Transporté de joie il aurait voulu la suivre et se présenter à sa<br />
tante ; mais, comme il n'avait jamais connu cette dernière et qu'il<br />
n'était pas sûr en somme de se trouver chez elle, il se résigna à<br />
attendre du hasard des renseignements plus précis. Il resta là, assis<br />
jusqu'au coucher du soleil, oubliant la faim et la soif, heureux de sa<br />
contemplation et perdu dans ses rêves. De temps en temps, la jeune<br />
fille approchait et, dissimulée parmi les arbres, venait voir si l'étranger<br />
était toujours présent. Bien que sa figure fût cachée derrière un<br />
éventail, il crut bien voir qu'elle paraissait étonnée de sa persévérance.<br />
Enfin, à la tombée de la nuit, une vieille femme appuyée sur une<br />
canne, apparut devant lui.<br />
— Qui êtes-vous, monsieur ? dit-elle. On m'annonce votre<br />
présence en ce lieu depuis ce matin : quel est votre dessein ?<br />
N'avez-vous pas faim ?<br />
Le jeune homme s'était levé aux premières paroles à lui adressées.<br />
Il répondit qu'il venait voir une de ses parentes. La vieille femme<br />
étant sourde se fit répéter plusieurs fois la réponse, puis lui demanda le<br />
nom de cette parente. Le jeune homme se trouva bien embarrassé pour<br />
le lui dire, l'ignorant lui-même.<br />
Son interlocutrice reprit alors en souriant que c'était bien<br />
extraordinaire ; sans savoir le nom, comment pouvait-il espérer trouver<br />
des renseignements ? Mais il paraissait néanmoins avoir fait bonne<br />
impression, car, vu l'heure tardive, elle lui proposa d'entrer dans sa<br />
modeste demeure, pour prendre un repas et passer la nuit. Il pourrait<br />
s'en retourner chez lui le lendemain et se procurer les noms exacts.<br />
Le jeune homme ne se sentit pas de joie, il avait à la fois grand'faim<br />
et grand désir de se rapprocher un peu, par cette occasion, de la belle.<br />
Il suivit donc son hôtesse ; après avoir franchi, en arrivant, le seuil<br />
de la porte, il aperçut un chemin pavé de marbre blanc, bordé des deux<br />
côtés d'arbres aux fleurs rouges, dont les feuilles tombées s'entassaient<br />
comme sur une étagère, aux marches du perron. Ils traversèrent<br />
plusieurs sentiers sinueux et arrivèrent à un second jardin ; les<br />
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