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<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />
Après l'avoir mis en ménage, madame Mou voulut le quitter. Sur les<br />
instances du nouveau marié, elle accepta de rester à son service,<br />
pendant que son fils dirigerait les travaux et surveillerait les biens.<br />
Elle se montrait, cependant, très sévère pour les jeunes époux, dont<br />
elle ne craignait pas de reprendre jusqu'aux plus petites fautes.<br />
Par reconnaissance, ceux-ci à leur tour, marièrent le fils de cette<br />
femme si bonne et lui donnèrent une maison avec quelques hectares de<br />
terrain, tout en conservant la mère chez eux.<br />
Madame Mou, un jour, se sentit malade. Elle eût préféré s'en aller,<br />
afin de n'être pas un embarras pour ses hôtes. Mais Meng ne voulut pas<br />
le lui permettre. La maladie s'aggrava, et bientôt il ne resta plus<br />
d'espérance de guérison. Au moment de l'agonie, la mourante<br />
recommanda à ceux qui l'entouraient de placer ses restes auprès du<br />
corps de son mari ; puis elle expira.<br />
Meng ne tint pas compte de cette prière et décida, d'accord avec le<br />
fils de la défunte, auquel il fit une nouvelle donation pour compenser le<br />
chagrin qu'il lui causait, de la faire ensevelir dans le tombeau de sa<br />
famille à lui.<br />
Au moment de lever le corps, le cercueil fut trouvé si lourd, qu'une<br />
trentaine de personnes ne purent arriver à le déplacer. Le jeune Mou<br />
perdit soudain connaissance, l'écume à la bouche et le sang au nez.<br />
Puis, revenant peu à peu à lui, il se mit à crier qu'il était puni pour avoir<br />
vendu le corps de sa mère. Toute cette scène extraordinaire ne cessa<br />
que lorsque Meng s'engagea, sérieusement cette fois, à donner<br />
satisfaction à la dernière volonté de celle qui n'était plus.<br />
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