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<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />
Tsoué présenta le jeune garçon à sa mère et proposa à ses parents<br />
de le garder dans sa maison, où il le traiterait comme son propre frère.<br />
Cela se fit en effet.<br />
Après un an de séjour chez madame Tsoué, le jeune Tsao repartit<br />
avec sa famille pour son pays natal, et l'on n'en eut plus de nouvelles.<br />
Madame Tsoué, depuis l'incident survenu avec la femme de son<br />
voisin, avait toujours refusé sa porte aux gens qui venaient porter<br />
plainte à son fils contre leurs persécuteurs.<br />
Un jour, elle dut partir avec le Brave, pour aller voir son frère<br />
mourant ; en route, ils virent un rassemblement, au milieu duquel un<br />
homme était violemment maltraité par la foule. A la vue du Brave,<br />
plusieurs personnes vinrent lui raconter que ce pauvre diable, dont la<br />
femme avait été enlevée par la ruse d'un homme puissant de la ville,<br />
avait voulu la réclamer et que c'est pour cela que les domestiques de<br />
son inique rival le maltraitaient ainsi. Mis au courant du fait, Meng entra<br />
dans une violente colère, il fouettait son cheval pour aller délivrer la<br />
victime, quand sa mère l'arrêta en le rappelant. Il céda ; mais, de<br />
retour à la maison, il tomba dans un profond chagrin. Il ne parlait, ne<br />
mangeait plus, restait des heures pensif et préoccupé, et ne dormait<br />
plus que tout habillé. On le vit se lever trois ou quatre fois, le soir, et<br />
sortir, mais pour rentrer immédiatement.<br />
Le cinquième soir, il ne revint pas ; il resta toute la nuit dehors et ne<br />
rentra qu'au point du jour. Il se jeta sur son lit et dormit profondément.<br />
La même nuit, le ravisseur de la femme enlevée était assassiné dans<br />
son lit. Les autorités soupçonnèrent une vengeance du mari, qui fut<br />
appréhendé, mis en prison et condamné à mort.<br />
Madame Tsoué, la mère, mourut avant l'exécution de la sentence.<br />
Meng, alors, dit à sa femme (il s'était marié depuis peu) que c'était lui-<br />
même le véritable assassin. Il ne s'était pas fait connaître, pour ne pas<br />
causer de peine à sa mère ; mais, maintenant, libre de cette crainte, il<br />
allait se constituer prisonnier, pour empêcher que le crime commis par<br />
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