You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />
— J'ai grande estime, dit-elle, pour votre personne et pour<br />
votre talent. C'est pourquoi je viens vous tendre la main, sans<br />
me préoccuper des convenances. Voulez-vous l'accepter ?<br />
— Je ne saurais comment vous remercier de votre offre si<br />
gracieuse. Je serais indigne de vous, si je ne vous disais pas<br />
la vérité : je suis déjà marié.<br />
— Ceci me prouve encore davantage vos sentiments<br />
d'honneur, répondit-elle avec un sourire aimable. Mais<br />
l'affaire pourrait s'arranger encore. Demain, nous verrons.<br />
Elle se leva pour sortir ; mais Tchiang l'attira à lui et la retint jusqu'à<br />
l'aurore. Tous les jours, elle renvoyait son amant dès le matin, et ne lui<br />
permettait de revenir que dans la nuit, à une heure très avancée, afin,<br />
disait-elle, de ne pas mettre les indiscrets dans la confidence de leur<br />
liaison.<br />
Une fois, le hasard le fit rentrer d'un peu meilleure heure. Il eut la<br />
surprise de constater l'absence de toute habitation. Il était dans la<br />
stupéfaction, lorsque la vieille se présenta subitement devant lui.<br />
— Comment, dit-elle, vous arrivez si tôt ?<br />
Elle n'avait pas achevé ces mots, qu'il se trouvait déjà dans<br />
l'intérieur de la maison rebâtie à vue d'œil. Soung-Hoa sortit et lui dit<br />
en riant :<br />
— Vous avez des soupçons sur mon compte. Eh bien, j'aime<br />
mieux tout vous avouer : je suis un renard. J'étais<br />
prédestinée à avoir des liens d'amour avec vous ; mais, si<br />
vous avez peur, nous allons nous quitter.<br />
Tchiang ne savait que répondre, tellement il était sous le charme de<br />
ce renard, qui avait tous les caractères de la plus délicieuse des<br />
femmes.<br />
Leur vie heureuse continua pendant quelque temps, sans autre<br />
incident.<br />
120