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<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />
Aussi, tous les soirs, il jouait comme s'il donnait une leçon, puis il<br />
laissait l'instrument et entendait parfaitement la répétition, exécutée<br />
par son élève invisible.<br />
Quand Siang-Lung devint sa femme, on en vint naturellement à<br />
parler des vers mystérieux, sans pouvoir en reconnaître la provenance ;<br />
et pourtant, c'est grâce à ce poème que l'union des époux s'était faite !<br />
La jeune femme entendit également, le soir, les sons de la musique<br />
mystérieuse ; elle trouva que le sentiment exprimé avec un mélange de<br />
mélancolie devait plutôt provenir d'un revenant que d'un esprit.<br />
Elle conseilla à son mari d'aller chercher dans sa famille un vieux<br />
miroir, qui avait la propriété de révéler au regard les choses invisibles.<br />
Le lendemain, aux premiers accords de l'instrument, le couple entra<br />
avec le miroir, et, à la lumière, vit une femme qui cherchait à s'enfuir :<br />
c'était Fang-Niang.<br />
— Je vous ai unis, dit-elle en pleurant ; au lieu de me<br />
remercier du service que je vous ai rendu, vous me poursuivez<br />
ainsi de votre miroir : est-ce là votre reconnaissance ?<br />
— Nous allons retirer le miroir, à condition que vous vous<br />
rendrez visible.<br />
Elle consentit, et raconta qu'elle était fille d'un préfet, et morte<br />
depuis cent ans.<br />
De son vivant, elle aimait beaucoup le kin et la cithare ; elle<br />
connaissait très bien l'un, mais l'autre imparfaitement ; elle était morte<br />
avec le regret de ne pas mieux en jouer.<br />
— Lorsque vous vîntes chez nous, poursuivit-elle, et que vous<br />
me fîtes entendre vos airs, je me sentis revivre ; mais mon<br />
état de revenant ne me permettait pas de vous épouser ; je<br />
vous ai cherché une femme digne de vous. Le soulier trouvé<br />
sous la chaise du fils du trésorier général et le poème intitulé<br />
Regrets du printemps étaient mon œuvre. Vous ne pouvez<br />
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