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Contes chinois - Chine ancienne

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<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />

Tout à coup, on lui remit une lettre de son frère, lui disant d'épouser<br />

Ma. Cette lettre venait de Canton ; chose bizarre, elle était datée du<br />

jour même de la mort de madame Ma ; enfin, coïncidence plus<br />

singulière encore, il y avait juste quarante-trois mois, depuis le dîner où<br />

Ma avait interrogé le jeune homme, au milieu des hauts<br />

chrysanthèmes, sur le célibat de sa sœur.<br />

Le mariage était décidé dès lors ; mademoiselle Tao eût désiré faire<br />

célébrer la cérémonie chez elle, mais elle dut céder aux instances de<br />

son futur, qui ne voulait pas quitter sa modeste demeure. On pratiqua<br />

simplement une porte de communication entre la petite maison de<br />

campagne et le palais.<br />

Madame Ma, pour faire partager son bien-être à son mari,<br />

déménageait peu à peu ses meubles, pour les faire entrer dans sa<br />

nouvelle demeure. Ma renvoyait tous les objets, au fur et à mesure<br />

qu'elle les faisait apporter, en recommandant à sa femme de ne plus<br />

confondre les mobiliers des deux familles. Il ne voulait rien voir de ce<br />

qui provenait du commerce des fleurs.<br />

Madame Ma n'entendait pas se soumettre à un ordre aussi<br />

déraisonnable, et la fusion fut bientôt complète ; elle fit même rebâtir<br />

la maison de Ma, pour la rendre digne de son palais. La seule<br />

concession qu'elle voulut faire aux exigences de son mari, fut de cesser<br />

le commerce des fleurs. Mais son train de maison ne diminua pas ; au<br />

contraire, elle rivalisa avec celui des plus grands seigneurs de la ville.<br />

Son mari ne voyait qu'avec une douleur profonde ces transformations,<br />

dues à la vente des fleurs, sacrées à ses yeux.<br />

— Ma vertu de trente années est perdue par vous, dit-il un<br />

jour avec honte. Cramponné à la ceinture de votre jupon, je<br />

perds par là tout caractère et toute dignité d'homme. Je<br />

assure que si j'ai encore un désir, c'est celui de redevenir<br />

pauvre.<br />

— Je ne suis pas ambitieuse, répliqua-t-elle ; tout ce que j'ai<br />

fait a eu pour but de rehausser l'éclat de ma race, afin que les<br />

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