You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />
lui ne retombât sur la tête d'un autre. Malgré les supplications de sa<br />
femme, il partit.<br />
Le magistrat, très satisfait d'avoir trouvé le véritable auteur de<br />
l'assassinat, fit immédiatement mettre en liberté le mari, victime d'une<br />
fausse accusation ; mais ce dernier ne voulut pas sortir de prison,<br />
jurant que c'était vraiment bien lui qui avait tué le ravisseur de sa<br />
femme. Les gens présents lui reprochèrent alors sa bêtise, qui allait<br />
l'empêcher d'échapper à une mort certaine.<br />
— Ce que Tsoué a fait, répondit le pauvre homme, il l'a fait<br />
pour moi, et je ne veux pas qu'il meure, pour avoir satisfait à<br />
une vengeance que j'appelais de tous mes vœux, sans<br />
pouvoir l'assouvir.<br />
Malgré ses désirs, la justice, connaissant bien la cause de sa<br />
résistance, le mit en liberté, et fit porter sur Tsoué tout le poids de la<br />
condamnation.<br />
Le magistrat qui venait pour juger en dernier ressort, était<br />
justement Tsao. Lorsqu'il reconnut, dans la personne du criminel, son<br />
vieil ami Tsoué, il accorda de suite des circonstances atténuantes,<br />
commuant en bannissement la peine de mort prononcée par les<br />
premiers juges ; la grâce entière ne tarda pas à suivre. Ainsi se vérifia<br />
la prédiction du prêtre.<br />
Pendant l'exil du Brave, le mari malheureux le suivit, par<br />
reconnaissance, comme domestique. A son retour, il s'attacha à lui,<br />
pour ne plus le quitter, sans demander, bien entendu, aucun gage ; il le<br />
pria seulement de lui apprendre sa manière de se battre.<br />
Tsoué, depuis qu'il était revenu, avait complètement changé sa<br />
façon d'agir ; il regardait souvent avec des larmes de repentir, la croix<br />
tatouée sur son bras par sa mère. Si les voisins venaient porter plainte,<br />
comme auparavant, Ch'ing (le mari) les renvoyait toujours, sans même<br />
informer son maître de leur venue.<br />
Un richard, appelé Ouang, terrifiait alors les environs par sa<br />
conduite détestable : chacun le craignait, tant il était violent et brutal ;<br />
135