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<strong>Contes</strong> <strong>chinois</strong><br />
— Et pour ta sœur, Feï, sais-tu où elle est ? demandèrent-ils<br />
encore.<br />
— Elle est très heureuse dans l'autre monde ; elle y est<br />
devenue princesse. Sa tête est couverte de perles et de<br />
pierreries, et son cortège, lorsqu'elle sort, est imposant.<br />
— Pourquoi ne vient-elle pas nous voir ?<br />
— Lorsqu'on meurt, tous les liens de parenté sont rompus. Si<br />
vous ne les rappelez au mort, impossible qu'il s'en souvienne.<br />
Hier, j'ai été introduit auprès de ma sœur ; elle me fit asseoir<br />
sur un lit de corail et lorsque je lui parlai de votre chagrin, elle<br />
parut sortir d'un rêve. Puis, elle se mit à pleurer quand je lui<br />
rappelai la broderie que vous mettez encore en face de votre<br />
lit : cette broderie, son chef-d'œuvre, tout ornée de fleurs<br />
rouges, pour cacher la tache de sang provenant d'une<br />
blessure qu'elle s'était faite avec ses ciseaux. Elle m'a promis<br />
de demander à son mari la permission de venir voir sa mère.<br />
Cette révélation étrange mit toute la maison en pleurs.<br />
A quelque temps de là, le ressuscité annonça à ses parents l'arrivée<br />
de sa sœur. Mais personne ne vit rien, excepté lui. Elle fit demander à<br />
son frère des nouvelles de ses parents ; puis, elle le pria de faire mettre<br />
sur son lit son <strong>ancienne</strong> couverture verte, car elle était fatiguée et<br />
désirait se reposer.<br />
Le lendemain, l'âme de la jeune princesse entra dans le corps d'une<br />
<strong>ancienne</strong> amie de Feï, voisine de ses parents, qui venait de s'évanouir.<br />
Elle alla aussitôt chez madame Li, se jeta à son cou et pleura<br />
longtemps. Après cette scène douloureuse, elle dit à sa mère que,<br />
depuis sa mort, elle avait le chagrin de la trouver vieillie, avec des<br />
cheveux devenus blancs.<br />
— J'apprends que tu es heureuse, ma fille, ce qui me<br />
console ; j'espère aussi que le prince te permettra de venir<br />
souvent nous voir.<br />
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