Prémisses d'un nouveau modèle de consommation responsable
Prémisses d'un nouveau modèle de consommation responsable
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D’abord, on a travaillé en <strong>de</strong>mandant à quelqu’un d’extérieur qui connaissait bien Danone<br />
<strong>de</strong> nous définir par un certain nombre <strong>de</strong> valeurs. Puis, tous les comités <strong>de</strong> direction <strong>de</strong>s<br />
filiales <strong>de</strong> Danone à travers le mon<strong>de</strong> d’animer <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail. On a fait la synthèse et<br />
4 valeurs ont été définies. On a exclu certains types <strong>de</strong> valeurs. Tout ce qui était autour <strong>de</strong> la<br />
performance ne nous semblait pas être du registre <strong>de</strong>s valeurs. Tout ce qui était du must have<br />
ou du registre <strong>de</strong> l’évi<strong>de</strong>nce, <strong>de</strong> l’obligation non plus comme l’honnêteté, la satisfaction<br />
client. On a fait attention à la banalisation, en prenant le hit para<strong>de</strong> <strong>de</strong>s termes employés à la<br />
majorité <strong>de</strong>s entreprises. Et on évite tout ce qui attrait à la stratégie. A l’époque, Danone a<br />
pris un virage <strong>de</strong> la santé en 96 (alors qu’on était sur 9 catégories d’alimentation et du verre<br />
d’emballage avant puis on a décidé <strong>de</strong> se concentrer sur quelques catégories autour <strong>de</strong> la<br />
santé).<br />
Danone a finalement retenu quatre valeurs : l’humanisme, l’ouverture, la proximité et<br />
l’enthousiasme, qui sont <strong>de</strong>s valeurs d’organisation que l’on pourrait porter personnellement.<br />
Puis, on a fait un travail lent <strong>de</strong> diffusion pour que cela percole. On n’a pas fait d’affiches<br />
ou <strong>de</strong> leaflet car on s’est dit que cela <strong>de</strong>vait percoler en interne, en laissant à chaque filiale le<br />
soin <strong>de</strong> choisir la manière la plus adaptée à sa propre culture locale et à son histoire avec le<br />
groupe <strong>de</strong> se les approprier. On a fait le choix <strong>de</strong> ne pas publier en externe, car elles doivent<br />
s’exprimer par <strong>de</strong>s actes.<br />
Thierry Wellhoff : Les valeurs structurent la communication et ne sont pas un objet <strong>de</strong><br />
communication. Elles encadrent un style <strong>de</strong> communication qui illustre les valeurs. C’est un<br />
squelette.<br />
Quel est le lien entre les valeurs et la responsabilité sociale <strong>de</strong> l’entreprise ?<br />
Thierry Libaert : On peut considérer que la responsabilité peut être une valeur et que les<br />
valeurs s’intègrent dans une démarche <strong>de</strong> responsabilité sociale. Quand on parle <strong>de</strong><br />
responsabilité, il y a les <strong>de</strong>ux niveaux : « répondre <strong>de</strong> » c’est à dire assumer, et « répondre<br />
à », c’est à dire dialoguer, partager, et là, c’est une approche communicationnelle du sujet.<br />
Je dirais que pour être efficace, <strong>de</strong>ux écueils doivent être à éviter pour faire la jointure entre<br />
les valeurs et la démarche RSE :<br />
-‐ Le premier serait <strong>de</strong> ne pas écouter ce que disent les gens, c’est à dire se lancer dans une<br />
démarche sans l’écoute. Les étu<strong>de</strong>s montrent que l’image que les entreprises ont du RSE et<br />
ce que les consommateurs ont n’est pas la même chose. Quand on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux<br />
consommateurs ce qu’est une entreprise <strong>responsable</strong> : les thèmes qui reviennent le plus c’est<br />
d’abord l’honnêteté et la qualité <strong>de</strong>s produits et services. Le 3 e point c’est <strong>de</strong> bien traiter ses<br />
employés. Quand on regar<strong>de</strong> ce qui intervient en queue dans les attributs <strong>de</strong> ce qu’est le RSE,<br />
en avant <strong>de</strong>rnière position, on retrouve l’environnement, alors que quand on écoute les<br />
discours RSE <strong>de</strong>s entreprises, il y a une survalorisation du thème environnementale. Puis le<br />
mécénat ensuite.<br />
-‐ L’écueil inverse serait <strong>de</strong> trop les écouter. Il y a un formidable déclaratif. Il y a une<br />
enquête <strong>de</strong> Weber Shandwick sur les consommateurs face aux démarches RSE. 80% disent<br />
acheter avant tout <strong>de</strong>s produits <strong>responsable</strong>s. Le journal The Guardian a fait une contreenquête<br />
sur ces étu<strong>de</strong>s en interrogeant les consommateurs : est ce que vous pouvez me citer<br />
une entreprise qui a un comportement socialement <strong>responsable</strong>. Pas <strong>de</strong> réponse. C’est plutôt<br />
vue à l’inverse : une entreprise qui n’aura pas un comportement socio-<strong>responsable</strong>, on<br />
évitera. Les consommateurs sont plutôt pragmatique, c’est à dire avec un décalage entre<br />
l’approche citoyenne et l’approche consumériste où c’est la qualité du produit et le prix qui<br />
compte prix.<br />
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