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INTRODUCTION. v
nous fournir des renseignements précis sur l'état de la Répu
blique. Il ne nous dit rien des espérances et des projets que
le parti démocratique avait formés. Pour ne parler que de l'an
née 691, on croirait que Cicéron,
pendant la durée de son
consulat, n'a pas eu d'autre souci que de découvrir et de répri
mer la conjuration. Salluste passe sous silence les attaques que
l'opposition dirige alors contre le gouvernement du Sénat. Il
n'est question ni du procès intenté à Rabirius, ni de la loi
agraire proposée par Rullus, ni du débat qui s'engage au sujet
de la loi de Sylla sur les descendants des proscrits. Par lui-
même ou par ses créatures, César avait conduit toutes ces ten
tatives : il pouvait y avoir quelque inconvénient à le rappeler.
Salluste aime mieux s'abstenir. Avant tout, il tient à mettre
César hors de cause, alors même qu'il faudrait, pour y par
venir,
se résigner à n'expliquer les faits que d'une manière
incomplète. Il en résulte que, après avoir lu le Catilina, notre
intelligence n'est pas entièrement satisfaite, quelle que soit,
d'ailleurs,
notre admiration pour la puissance d'esprit du
moraliste et la merveilleuse habileté de l'écrivain. Encore
serait-on tenté d'adresser quelques critiques à ce style si savant
et si ferme. Il est trop continuellement abstrait. Avec une rare
pénétration, Salluste analyse le caractère et les passions des
personnages qu'il met en scène ; il excelle dans ces peintures
morales; mais il a peut-être le tort de complaire. trop s'y Il
leur sacrifie le récit des faits. Il raisonne et il disserte plus
volontiers qu'il ne raconte et qu'il ne décrit. Sans doute,
il y a des pages, comme la narration de la bataille de
Pistoria, où le style s'anime et se colore,
où le philosophe
cède la place à l'artiste de génie ; mais de pareils passages
sont assez rares. D'ordinaire, la pensée de Salluste demeure
attachée à la recherche des causes psychologiques. En
prenant Thucydide pour modèle, en introduisant l'histoire
philosophique chez les Romains, il s'impose un effort excessif
pour se maintenir dans les lois du gem*e, et cet effort se laisse
trop
aisément deviner. Il lui arrive ce qui arrive souvent aux