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CAP. LXXXV. 123
mihi, ex virtute nobilitas cœpit. [18] Invident honori meo ;
ergo invideant labori, innocenliœ, periculis etiam meis,
quoniam per hœc illum cepi. [19] Verum homines conrupti
superbia ita œtatem agunt, quasi vostros honores contem-
nant; ita hos petunt, quasi honeste vixerint. [20] Ne illi
falsi sunt, qui divorsissumas res pariter expectant, ignaviae
voluptatem et prœmia virlutis. [21] Atque etiam, cum apud
vos aut in senatu verba faciunt,
pleraque oratione majores
suos extollunt ; eorum fortia facta memorando clariores sese
putant. [22] Quod contra est. Nam quanto illorum vita
prœclarior, tanlo horum socordia flagitiosior. [23] Et pro
fecto ita se res habet : majorum gloria posteris quasi lumen
est, neque bona neque mala eorum in occulto patitur. [24]
Hujusce rei ego iuopiam fateor, Quirites*, verum, id quod
multo prœclarius est, mea met facta mihi dicere licet. [25]
sages hostibus et majoribus par des abla
tifs; avec Riemann, art. cité, je suis d'a
vis qu'il faut voir y
des i omme datifs, dans
ce passage de Cicéron, Pro Cscc., 4 1,30
« quid lïuie tu humini facias?» que ferez-
vous à cet homme ? Avec l'ablatif, le sens
serait un peu différent : que ferez-vous de
cet homme f
18. Per hœc illum; Vaticauus .
per illa.
■ 20.
-^ 22.
^' Quasi
F-ahi sunt; cf. X, \ et la note.
hœc
Quod contra est. Ici contra est ad
verbe : c'est tout le contraire qui arrive.
Quanto ; P, i l'°
leçon, quanta.
Vita illorum; P illorum vita.
Horum; P, \TC
23. Habet;
lrçon, honorttm.
par Dietsch (éd. de 1859).
Vaticanus : habent, admis
lumen est; cf-Juvéïml,
Sa*. VI 11,
438 « Incipit ipsorum contra te stare
parentum Nobilitas claramquefacem praeîerre
pudendis. » Mais la pensée de Sal
luste est à la fuis plus complète et plus
équitable. —
D'une
manière générale, il
est intéressant de rapprocher de tout ce
discours de Marius la VIIIe satire de Ju-
vénal. Les ressemblances sont nombreuses,
et il est visible que Juvénal s'est préoccupé
d'imiter Salluste. On peut cependant si
gnaler des différences impartantes. Chez
l'historien,
Marius constate surtout la dé
cadence politique de la noblesse ; les mœurs
de l'aristocratie sont attaquées seulement
on passant et en tant que la corruption des
mœurs privées est la cause de la corrup
tion des mœurs publiques; Juvénal flétrit
surtout la décadence morale, avec une rare
vigueur, mais sans proportionner toujours
assez exactement sa colère à la gravité des
scandales et des fautes qu'il condamne.
Chez Salluste, le sujet est traité avec une
concision sévère, avec une fierté hautaine
qui est bien de nature à plaire au peuple,
venu pour entendre son candidat, mais
en même temps avec une grande sobriété
et un certain dédain de la composition ora
toire; chez Juvénal, l'appareil de la rhéto
rique est plus sensible et dans l'enchaîne
ment des idées et dans l'abondance des
exemples. Enfin", tandis qu'il a
y dans
tout le discours de Marius un accent d'as
surance et de triomphe, on sent, sous les
empor'ements de Juvénal, une sorte de
tristesse et de découragement. Loin de se
réjouir, comme Marins, de cette corrup
tion de la noblesse, il s'en afflige tout
et,
en l'accusant, la déplore sincèrement.
24. Fateor est la leçon du Vaticanus et
de quelques autres mss.; P et ainsi que
P1,
Im plupart des mss., portent patior, que
l'on retrouve dans un grand nombre d'é
ditions.