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140 DE BELLO JUGURTHINO LIBER.
XCV. [1] Ceterum dum ea res geritur, L. Sulla quœstor
cum magno equitatu in castra venit ; quos uti ex Latio et a
sociis cogeret Romse relictus erat. [2]
Sed quoniam nos
tanti viri res admonuit, idoneum visum est de natura cul-
tuque ejus paucis dicere;
neque enim alio loco de Sullae
rébus dicturi sumus, el L. Sisenna optume et diligentissume
omnium, qui eas res persecutus parum mihi dixere, libero
ore locutus videtur. [3] Igitur Sulla gentis patriciae nobilis
fuit, familia jam prope extincta majorum ignavia ; litteris
XCV. 1. L. Sulla, L. Cornélius Sylla,
né en 616 de Rome (l :J8 av. J.-C), mort
en 676 (78); c'est le célèbre dictateur, le
rival et le vainqueur de Marius, II est à
peine nécessaire de faire remarquer ce
qu'il y a de vraiment dramatique dans ce
passage, Salluste introduisant pour la pre
mière fois dans sa narration le nom de
Sylla, au moment même où Marius est
dans tout l'éclat de son bonheur et de sa
gloire.
Quos (P quod), par une syllepse faini-»
lière à Salluste et dont il se trouve un
autre exemple 91 , 4, représente équités,
dont l'idée est contenue dans equitatu.
Ex Latio et a cf. sociis, 39, 2 et la note.
2. Quoniam nos tanti viri res admonuit.
Priscien, vol. II, p. 328, donne : « quo
niam tanti viri nos tempus admonuit. » En
citant de mémoire, Priscien aura sans
doute confondu ce passage du Jnqurtha
avec Catilina, 6, 6 : res ipsa hortari vide
tur, quoniam de moribus civita^k tempus
admonuit.
^
De natura cultuque. Cultu est rappro
ché ici de natura à peu près comme l'est
habitu, 28, 4;
c'est l'ensemble des habi
tudes et des qualités acquises, par opposi
tion à la nature même de Sylla. —
Il m'est
impossible d'accepter l'interprétation de
Kritz qui par cultus entend omnia quœ ad
vitœ externse genus et
pertinent, y voit une
allusion à otio luxurioso, qui se trouve un
peu plus loin.
Neque enim alio loco... dicturi sumus
(P, iTa
leçon, dicturimus). Il ressort de là
que Salluste, en ce moment,
n'avait pas
encore conçu le projet d'écrire sa grande
Histoire,
tout au moins qu'il n'en avait pas
arrêté le plan; dans le premier livre, eu
effet, il parlait beaucoup de Sylla.
L. Sisenna. h, Cornélius Sisenna, né
vers 634 de Rome (120 av. J.-C), mort
en 687 . (67)
Il avait composé, entre au
tres une écrits, histoire romaine où il ra
contait principalement la guerre sociale et
les guerres civiles de Marius et de Sylla.
Sur la valeur de Sisenna considéré comme
historien,
cf. Cicéron, Brutus, 64; 228 :
« Sisenna? liistoria cum facile omnes vipeat
superiores, tum indicat tamen, quantum
scrip-
absit a summo, quamque genus hoc
tionis nondum sit satis latinis litteris îllu-
stratum, » et aussi, De Legibus, I, 2, 7
« Sisenna omnes adhuc nostros scriptores
facile superavit. ïs tamen in historié pué
rile quiddam consectatur. «
Videtur,
rection.
dans P, par suite d'une cor
3, Gentis patriciie... maporum ignavia,
Familia extincta n'est pas un ablatif ab
mais un ablatif
solu, de qualité, qui doit
se construire, comme gentis palriciœ, avec
— fuit. Parmi les Cornelii, il avait
y
des
plébéiens et des patriciens; Sylla était du
nombre de ceux-ci, et c'est la première
idée qu'exprime Salluste ; gentis patriciœ;
nobilis (au génitif, se rapportant à gentis)
ne fait pas double emploi avec patriciœ;
— le patriciat, en effet, désigne la noblesse
de naissance
; nobilitas, la noblesse de
fonctions ; ce terme rappelle les hautes
fonctions qu'avaient exercées dans l'Ktat les
Cornelii. —
Familia désigne une subdivi
sion de la gens ; la brandie des Cornelii,
à laquelle appartenait Sylla, parla faute de
ses ancêtres directs était ruinée et déconsi
dérée. Celui des Cornelii qui avait pris
le premier le surnom de Sylla n'avait pu
s'élever au-dessus de la préture, et aucun
de ses descendants n'était arrivé au con
sulat.