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INTRODUCTION. ix
retrouvés dans sa mémoire. Sans accorder plus d'importance
qu'il ne convient au séjour que Salluste a fait en Afrique, il est
permis d'affirmer que, sans ce séjour, ni ses descriptions ne
seraient aussi vraies ni sa connaissance des mœurs et du ca
ractère des Numides aussi parfaite. La science de l'historien
ne se compose pas seulement des faits qu'il a pu rassembler;
elle se forme aussi et elle se complète par la réflexion person
nelle, par l'expérience des affaires,
partout ce qui contribue à
faire l'éducation de l'esprit. Cette préparation a bien son prix,
et, parce qu'elle ne se laisse pas apprécier ni mesurer avec une
exactitude rigoureuse, ce n'est pas une raison pour qu'on n'en
tienne pas compte à l'écrivain. Nous avons donc le droit de
considérer comme un des éléments d'information auxquels
Salluste a eu recours le souvenir des années qu'il a passées en
Numidie.
D'ailleurs, il avait aussi rapporté de son ancienne province
des documents dont la valeur peut être contestée, mais qu'on
doit lui savoir gré d'avoir recherchés. Il s'était fait traduire, nous
dit-il, les livres du roi Hiempsal. Hiempsal II, fils de Gauda,
avait régné longtemps sur la Numidie. Un moment dépossédé
par un prétendant, Hiarbas, il avait été rétabli sur le trône par
Pompée en 81, et son règne semble s'être prolongé jusque vers
l'an 60 av. J.-C. Il est curieux que dans celte dynastie Massi-
nissa, parmi ces chefs de Numides indomptés, on en trouve
plusieurs qui aient eu des goûts littéraires. Manastabal, l'aïeul
de Hiempsal était versé dans les lettres grecques, au dire de
Tite-Live *
; quant à Juba II, le petit-fils de Hiempsal, on sait
qu'il a été un des écrivains les plus féconds de son temps.
Nous avons moins de renseignements sur les œuvres de
Hiempsal II que sur celles de son petit-fils. Nous savons tout au
moins qu'il s'était livré à de savantes recherches sur l'histoire
de l'Afrique du Nord et qu'il avait laissé plusieurs ouvrages
écrits en langue punique. Il ne nous en est rien resté, mais on a
1. Ëpit. L.