à la decouverte du musée en jouant - Parc naturel régional des ...
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Le jeu est « une chose dont chacun parle, que tous considèr<strong>en</strong>t comme évid<strong>en</strong>te» et de pourtant<br />
difficile à caractériser (H<strong>en</strong>riot, 1989 : 9). Si le jeu est difficile à définir, c’est que le domaine<br />
ludique couvre une réalité multiforme et comporte <strong>des</strong> frontières floues. Ainsi, selon <strong>la</strong> formule de<br />
Reynolds tra<strong>du</strong>ite par Bruner, « le caractère ludique d‟un acte ne provi<strong>en</strong>t pas de <strong>la</strong> nature de ce<br />
qui est fait mais de <strong>la</strong> manière dont c‟est fait…Le jeu ne comporte aucune activité instrum<strong>en</strong>tale<br />
qui lui soit propre. Il tire ses configurations de comportem<strong>en</strong>ts d‟autres systèmes affectifs<br />
comportem<strong>en</strong>taux » (Reynolds, 1972 cité par Bruner, 1983 : 223-224). À défaut de savoir si <strong>la</strong><br />
chose dénommée jeu existe, il est certain pour H<strong>en</strong>riot qu’existe <strong>du</strong> moins une idée de<br />
jeu (H<strong>en</strong>riot, 1989 : 9, 10, 85). « L‟idée de jeu […] est l‟idée que l‟on se fait, dans un groupe<br />
social donné, pris dans un mom<strong>en</strong>t donné de son histoire, de ce que c‟est jouer. » (H<strong>en</strong>riot, 1989 :<br />
25). L’idée que l’on se fait <strong>du</strong> jeu consiste à se représ<strong>en</strong>ter un mode de con<strong>du</strong>ite, <strong>en</strong> re<strong>la</strong>tion avec<br />
une forme de situation : « La clé de <strong>la</strong> question <strong>du</strong> jeu ti<strong>en</strong>t donc à <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce de<br />
l‟articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> deux concepts de con<strong>du</strong>ite et de situation » (H<strong>en</strong>riot, 1989 : 216). L’analyse<br />
d’H<strong>en</strong>riot s’attache à définir les élém<strong>en</strong>ts qui, sur le p<strong>la</strong>n structural, font d’une situation un jeu<br />
pot<strong>en</strong>tiel et qu’il théorise sous le nom de « jouabilité ». Voici <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> jeu donnée par<br />
H<strong>en</strong>riot <strong>en</strong> conclusion de son ouvrage :<br />
« On appelle jeu tout procès métaphorique résultant de <strong>la</strong> décision prise et maint<strong>en</strong>ue de<br />
mettre <strong>en</strong> œuvre un <strong>en</strong>semble plus ou moins coordonné de schèmes consciemm<strong>en</strong>t perçus<br />
comme aléatoires pour <strong>la</strong> réalisation d‟un thème délibérém<strong>en</strong>t posé comme arbitraire »<br />
(H<strong>en</strong>riot, 1989, p. 300).<br />
Tout d’abord les mots « thème » et « schème » correspond<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t à ce que l’on<br />
pourrait nommer communém<strong>en</strong>t le but <strong>du</strong> jeu et les moy<strong>en</strong>s pour l’atteindre. Le thème ludique se<br />
prés<strong>en</strong>te donc comme un thème à réaliser. Ce qui distingue le thème ludique <strong>des</strong> autres fins<br />
poursuivies par les activités humaines, c’est que <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>du</strong> thème ludique est « toujours plus<br />
ou moins arbitraire » dans le s<strong>en</strong>s où il résulte d’une décision <strong>du</strong> joueur. Le mot « arbitraire »<br />
désigne ici une décision indivi<strong>du</strong>elle, <strong>la</strong>quelle met le décideur face à ses responsabilités. Le<br />
caractère plus ou moins arbitraire <strong>du</strong> thème ne se manifeste pas seulem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> décision re<strong>la</strong>tive<br />
à <strong>la</strong> fin poursuivie, mais on le trouve aussi au niveau <strong>des</strong> règles que le joueur s’impose de<br />
respecter pour y parv<strong>en</strong>ir. Co<strong>la</strong>s Duflos dans Jouer et philosopher conteste <strong>la</strong> légitimité de <strong>la</strong><br />
séparation <strong>en</strong>tre le thème ludique et les règles <strong>du</strong> jeu. Il récuse <strong>la</strong> conception <strong>du</strong> thème chez<br />
H<strong>en</strong>riot comme « structure architectonique » qui compr<strong>en</strong>drait à titre de fin, <strong>la</strong> fin elle-même et<br />
les conditions obligatoires <strong>du</strong> succès. Selon Duflos, « le thème n‟est ri<strong>en</strong> d‟autre qu‟une règle qui<br />
ne se distingue absolum<strong>en</strong>t pas et qui ne doit pas <strong>en</strong> droit être distinguées <strong>des</strong> autres, parce<br />
qu‟elle n‟a pas de s<strong>en</strong>s à part » (Duflos, 1997 : 49).<br />
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