à la decouverte du musée en jouant - Parc naturel régional des ...
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H<strong>en</strong>riot insiste sur le fait qu’on ne saurait concevoir de jeu qui soit totalem<strong>en</strong>t dépourvu de<br />
règles. Ceux qui sont désignés comme <strong>des</strong> jeux sans règle le sont abusivem<strong>en</strong>t à l’instar <strong>du</strong><br />
Squiggle souv<strong>en</strong>t cité par Winnicott comme jeu sans règle. (Winnicott, 1971 : 165). Ce dernier<br />
était proposé par Winnicott comme support de re<strong>la</strong>tions avec les <strong>en</strong>fants lors de l’analyse. Le<br />
Squiggle consiste à <strong>des</strong>siner un tracé libre et à le faire transformer par le part<strong>en</strong>aire de jeu. Mais, il<br />
y a bi<strong>en</strong> ici à <strong>la</strong> fois décision par l’analyste et l’<strong>en</strong>fant d’agir conformém<strong>en</strong>t à une règle (faire un<br />
gribouilli puis le faire transformer par l’autre joueur) et acceptation de cette règle comme support<br />
de leur action. Vygotski affirme égalem<strong>en</strong>t qu’il n’existe pas « une telle chose qu‟un jeu sans<br />
règle » et que même « <strong>la</strong> situation imaginaire conti<strong>en</strong>t <strong>des</strong> règles de comportem<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> qu‟il ne<br />
s‟agisse pas de règles explicites et formulées à l‟avance » (Vygotski, 1933 : 9). H<strong>en</strong>riot met <strong>en</strong><br />
évid<strong>en</strong>ce le caractère spécifique de <strong>la</strong> règle <strong>du</strong> jeu qui est « le fait qu‟elle ne soit obligatoire que<br />
pour celui qui décide de jouer et seulem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant le temps qu‟il joue […] les règles <strong>du</strong> jeu n‟ont<br />
de valeur que pour autant que l‟on accepte de s‟y soumettre » (H<strong>en</strong>riot, 1989 : 229). De plus,<br />
quand on parle de règles d’un jeu, on associe deux réalités : à <strong>la</strong> fois le système <strong>des</strong> règles<br />
objectivem<strong>en</strong>t formulées qui structur<strong>en</strong>t le jeu (« règles de structuration d‟un système »), et<br />
l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> règles que le joueur s’impose quand il <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d de jouer (« règles d‟organisation<br />
d‟une con<strong>du</strong>ite »).<br />
Co<strong>la</strong>s Duflos explore plus avant le li<strong>en</strong> spécifique qui s’établit dans le jeu <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> règle (« <strong>la</strong><br />
légalité ») et <strong>la</strong> liberté, et qu’il définit sous le concept de « légaliberté » : « Le jeu est l‟inv<strong>en</strong>tion<br />
d‟une liberté dans et par une légalité » (Duflos, 1997 : 57). La liberté ludique est liberté dans une<br />
légalité « parce qu‟elle est d‟abord strictem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>cadrée par elle » et <strong>en</strong>suite au s<strong>en</strong>s où « cet<br />
<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t par <strong>la</strong> règle mainti<strong>en</strong>t au joueur une <strong>la</strong>titude, une marge de manœuvre ». (Duflos,<br />
1997 : 58-59). Ainsi dire que <strong>la</strong> liberté ludique est dans légalité, c’est dire que cette légalité<br />
l’<strong>en</strong>cadre et lui <strong>la</strong>isse de l’intérieur une p<strong>la</strong>ce, mais c’est surtout dire qu’il s’agit d’une liberté<br />
réglée. « Les règles <strong>du</strong> jeu cré<strong>en</strong>t <strong>des</strong> possibles et donc <strong>des</strong> options <strong>en</strong>tre lesquelles il faut choisir.<br />
Ce choix réglé <strong>en</strong>tre <strong>des</strong> décisions r<strong>en</strong><strong>du</strong>es possibles par <strong>la</strong> légalité ludique, c‟est ce<strong>la</strong> que nous<br />
appelons liberté ludique » (Duflos, 1997 : 72).<br />
Selon H<strong>en</strong>riot, le joueur ag<strong>en</strong>ce un certain nombre de schèmes pour parv<strong>en</strong>ir au but <strong>du</strong> jeu,<br />
mais ces moy<strong>en</strong>s sont « consciemm<strong>en</strong>t perçus comme aléatoires ». L’information dont dispose le<br />
joueur n’est jamais complète, et <strong>la</strong> décision qu’il pr<strong>en</strong>d à tel ou tel mom<strong>en</strong>t de son jeu n’est donc<br />
jamais totalem<strong>en</strong>t assurée de son efficacité. Co<strong>la</strong>s Duflos préfère l’expression « activité<br />
incertaine » employée par Caillois. Ce terme décrit mieux selon lui le fait que l’une <strong>des</strong><br />
« composantes ess<strong>en</strong>tielles <strong>du</strong> jeu est l‟incertitude <strong>des</strong> résultats de l‟action <strong>du</strong> joueur ». Mais,<br />
cette critique n’a pas vraim<strong>en</strong>t lieu d’être, car H<strong>en</strong>riot parle lui-même d’incertitude pour qualifier<br />
le climat dans lequel se trouve le joueur quand il joue et propose de généraliser <strong>la</strong> formule de<br />
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