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- Moi ? Rien. Mais mon père, beaucoup de choses, hélas. Il s'appelle Atlas.<br />
Entendre ce nom m'a fait frissonner. J'avais rencontré Atlas le Titan l'hiver dernier, et je n'en gardais pas<br />
un bon souvenir. Il avait tenté de tuer quasiment tous les gens que j'aimais.<br />
- Il n'empêche, ai-je rétorqué d'une voix hésitante, c'est pas juste de te punir pour les actions de ton père.<br />
J'ai connu une autre fille d'Atlas. Elle s'appelait Zoé. C'est une des personnes les plus courageuses que<br />
j'aie jamais rencontrées. Calypso m'a examiné longuement, d'un regard triste et scrutateur.<br />
- Qu'est-ce qu'il y a ? ai-je demandé.<br />
- As-tu... as-tu retrouvé tes forces, mon brave héros ? Croistu que tu seras bientôt prêt à repartir ?<br />
- Quoi ? Je ne sais pas. (J'ai remué les jambes, elles étaient encore raides. Et je commençais déjà à avoir<br />
le tournis pour être resté si longtemps debout.) Tu veux que je m'en aille ?<br />
-Je... (Sa voix s'est brisée.) À demain matin. Dors bien. Elle est repartie en courant vers la plage. J'étais<br />
trop déconcerté pour faire autre chose que la regarder s'éloigner dans la nuit.<br />
Je ne pourrais pas dire combien de temps s'est écoulé, au juste. Comme l'avait signalé Calyspo, le temps<br />
était difficile à<br />
mesurer sur cette île. Je savais que je devais partir. Dans le meilleur des cas, mes amis s'inquiétaient.<br />
Dans le pire des scénarios, ils étaient en danger. J'ignorais même si Annabeth avait pu s'échapper du<br />
volcan. À plusieurs reprises, j'ai tenté<br />
d'activer mon lien d'empathie avec Grover, mais je n'arrivais jamais à établir le contact. Il m'était<br />
insupportable de ne pas savoir s'ils allaient bien.<br />
D'un autre côté, j'étais encore vraiment faible. Je ne tenais pas sur mes jambes plus de quelques heures<br />
d'affilée. Ce que j'avais fait au mont Saint Helens m'avait vidé de mes forces, épuisé comme jamais je ne<br />
l'avais été de ma vie.<br />
Je n'avais pas du tout le sentiment d'être prisonnier. Je me souvenais de l'hôtel-casino du Lotus à <strong>La</strong>s<br />
Vegas, où j'avais été<br />
happé dans un univers de jeu tellement fascinant que j'en avais presque oublié tout ce qui comptait pour<br />
moi. Mais l'île d'Ogygie n'avait rien à voir. Je pensais sans cesse à Annabeth, Grover et Tyson. Je n'avais<br />
pas du tout oublié pourquoi je devais partir. C'était juste que... je n'y arrivais pas. Et puis il y avait<br />
Calypso.<br />
Elle ne parlait jamais beaucoup d'elle, mais cela me donnait envie d'en savoir plus à son sujet. Je<br />
m'asseyais dans l'herbe et je sirotais du nectar en essayant d'observer les fleurs, les nuages, les jeux de<br />
lumière sur l'eau, mais en réalité je regardais les gestes de Calypso au travail, sa façon de repousser ses<br />
cheveux sur son épaule, la petite mèche qui tombait devant ses yeux quand elle se penchait pour bêcher<br />
dans le jardin. Parfois, elle tendait la main et des oiseaux quittaient les arbres des bois pour venir se<br />
percher sur son bras : des loris, des perroquets, des colombes. Elle leur disait bonjour, prenait de leurs<br />
nouvelles, leur demandait comment ça allait, au nid. Ils gazouillaient quelques instants, puis repartaient