Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
- Peut-être que si tu me disais le dernier vers de la prophétie, ça m'aiderait. Annabeth a frissonné.<br />
- Pas ici, a-t-elle répondu. Pas dans le noir.<br />
- Et le choix dont parlait Janus ? Héra a dit que...<br />
-Arrête, m'a lancé Annabeth d'un ton sec, avant de reprendre son souffle. Excuse-moi, <strong>Percy</strong>, je suis<br />
stressée. Mais je ne... Il faut que j'y réfléchisse.<br />
Après ça, on est restés silencieux, à écouter les drôles de plaintes et de grincements qu'émettait le<br />
<strong>La</strong>byrinthe, l'écho des pierres qui se réagençaient en crissant à mesure que les boyaux changeaient,<br />
s'allongeaient, se déployaient. L'obscurité m'a ramené à l'esprit les visions que j'avais eues de Nico Di<br />
Angelo, et brusquement j'ai compris quelque chose.<br />
- Annabeth, ai-je dit. Nico est quelque part dans les parages. C'est comme ça qu'il a disparu de la<br />
colonie. Il a trouvé le <strong>La</strong>byrinthe. Ensuite il a trouvé un chemin qui Ta mené encore plus profond,<br />
jusqu'aux Enfers. Mais maintenant, il est de retour dans le <strong>La</strong>byrinthe et il veut ma peau.<br />
Annabeth a laissé un long moment s'écouler avant de répondre :<br />
-J'espère que tu te trompes, <strong>Percy</strong>. Mais si tu dis vrai... Elle a fixé du regard le cercle que dessinait le<br />
faisceau de la torche sur le mur de pierre. J'ai eu l'intuition qu'elle pensait à sa prophétie. Jamais je ne<br />
l'avais vue aussi fatiguée.<br />
- Et si je prenais le premier tour de garde ? ai-je proposé. S'il se passe quoi que ce soit, je te réveille.<br />
Annabeth a failli protester, mais elle s'est contentée de hocher la tête. Puis elle s'est écroulée sur sa natte<br />
et elle a fermé les yeux.<br />
Quand est venu mon tour de dormir, j'ai rêvé que j'étais de nouveau dans la prison du vieillard, au cœur<br />
du <strong>La</strong>byrinthe. Elle ressemblait davantage à un atelier, cette fois-ci. Les tables étaient jonchées<br />
d'instruments de mesure. Une forge rougeoyait dans un coin. Le garçon que j'avais vu dans le rêve<br />
précédent actionnait les soufflets. Il était plus grand, maintenant ; de mon âge ou presque. Un drôle<br />
d'entonnoir était fixé<br />
au conduit de la forge. Il captait la fumée et la chaleur et les amenait par un tuyau dans le sol, juste à côté<br />
d'une espèce de grande plaque d'égout en bronze.<br />
Il faisait jour. Le ciel était bleu, mais les murs du <strong>La</strong>byrinthe projetaient des ombres obscures sur<br />
l'atelier. Après avoir crapahuté si longtemps dans des tunnels et des boyaux, j'ai trouvé bizarre qu'une<br />
partie du <strong>La</strong>byrinthe soit à ciel ouvert. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais j'ai trouvé que ça ajoutait à<br />
la cruauté des lieux. Le vieil homme avait l'air maladif. Il était très amaigri et ses mains étaient rouges et<br />
écorchées par le labeur. Des mèches de cheveux blancs lui tombaient sur les yeux ; sa tunique était<br />
couverte de taches de graisse. Penché sur son établi, il fabriquait une sorte de grand patchwork<br />
métallique - comme une cotte de mailles. Il a saisi délicatement une boucle de bronze et l'a insérée dans<br />
l'ensemble.<br />
- Voilà, a-t-il annoncé. C'est fini.