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son contact, j'ai senti un courant de chaleur traverser mon corps.<br />
- Tu m'as demandé quelle était ma malédiction, <strong>Percy</strong>. Je ne voulais pas te le dire. <strong>La</strong> vérité, c'est que les<br />
dieux m'envoient de la compagnie, de temps en temps. Tous les mille ans, environ, ils laissent un héros<br />
s'échouer sur mon rivage, quelqu'un qui a besoin de mon aide. Je m'en occupe et je me lie d'amitié avec<br />
lui, mais ce n'est jamais au hasard. Les Parques veillent à ce que le genre de héros qu'elles m'envoient...<br />
Sa voix tremblait et elle a été obligée de s'interrompre. J'ai serré sa main plus fort.<br />
- Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce que j'ai fait qui te rende si triste ?<br />
- Elles envoient toujours quelqu'un qui ne peut pas rester, a murmuré Calypso. Quelqu'un qui ne peut pas<br />
accepter ma compagnie au-delà d'une courte période. Elles m'envoient un héros dont je ne peux pas... le<br />
genre de personne dont je ne peux pas m'empêcher de tomber amoureuse.<br />
<strong>La</strong> nuit était silencieuse, hormis le chant des fontaines et le clapotis des vagues sur les galets. Il m'a fallu<br />
un long moment pour comprendre ce que me disait Calypso.<br />
- Moi ? ai-je fini par demander.<br />
- Si tu voyais ta tête ! (Elle a réprimé un sourire, mais ses yeux étaient encore embués.) Toi, bien sûr.<br />
- C'est pour ça que tu te refermais tout le temps ?<br />
-J'ai vraiment résisté. Mais c'est plus fort que moi. Les Parques sont cruelles. Elles t'ont envoyé chez moi,<br />
mon brave héros, en sachant que tu me briserais le cœur.<br />
- Mais... je suis juste... je veux dire, je suis moi, c'est tout.<br />
- C'est suffisant. Je m'étais dit que je ne te parlerais même pas de tout ça. Que je te laisserais repartir sans<br />
te proposer de rester. Mais je ne peux pas. J'imagine que les Parques le savaient aussi. Tu pourrais rester<br />
avec moi, <strong>Percy</strong>. C'est la seule façon dont tu pourrais m'aider, en fait.<br />
J'ai contemplé l'horizon. Les premières lueurs roses de l'aurore teintaient le ciel. Je pouvais rester ici<br />
éternellement, disparaître de la surface de la Terre. Je pouvais vivre avec Calypso, entouré de<br />
domestiques invisibles pourvoyant à tous mes besoins. On ferait pousser des fleurs dans le jardin, on<br />
parlerait aux oiseaux, on se promènerait sur la plage sous le ciel d'un bleu limpide. Pas de guerre. Pas de<br />
prophétie. Je n'aurais plus à choisir mon camp.<br />
- J e ne peux pas, lui ai-je dit.<br />
Elle a baissé tristement les yeux.<br />
- J e ne voudrais jamais te faire de peine, ai-je repris, mais mes amis ont besoin de moi. Je sais<br />
maintenant comment les aider. Il faut que j'y retourne.<br />
Elle a cueilli une fleur de son jardin, un brin de dentelle de lune argentée. L'éclat de la corolle s'est éteint<br />
à la lumière du soleil qui se levait. « Le point du jour est un bon moment pour prendre des décisions »,<br />
avait dit Héphaïstos. Calypso a glissé