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croisement de loup et de tigre, un immense rongeur qui devait être l'ancêtre des cochons d'Inde et,<br />
derrière le lit, occupé à cueillir des baies avec sa trompe, un mammouth laineux.<br />
Un vieux satyre était allongé sur les coussins de velours du lit. Il nous a regardés approcher de ses yeux<br />
bleus comme le ciel. Ses cheveux bouclés étaient blanc neige, tout comme sa barbiche pointue. Même les<br />
poils de chèvre de ses pattes grisonnaient. Il avait des cornes énormes, marron brillant et recourbées. Il<br />
n'aurait jamais pu les dissimuler sous une casquette, comme le faisait Grover. À son cou était pendue une<br />
flûte de Pan.<br />
Grover est tombé à genoux devant le lit.<br />
- Seigneur Pan !<br />
Le dieu a souri avec bonté, mais il y avait de la tristesse dans son regard.<br />
- Grover, mon cher et courageux satyre. Je t'attends depuis très longtemps.<br />
-Je... je me suis perdu, a bafouillé Grover.<br />
Pan a ri. C'était un son merveilleux, semblable à une première brise de printemps, qui a rempli la grotte<br />
tout entière d'espoir. Le tigre-loup a posé la tête sur le genou du dieu en soupirant. Le dodo lui a picoré<br />
affectueusement les sabots, tout en produisant un drôle de bruit avec l'arrière de son bec. J'aurais juré<br />
qu'il fredonnait It's a Small World !<br />
Pourtant, Pan paraissait fatigué. Son corps scintillait comme s'il était fait de Brume.<br />
J'ai remarqué que mes autres amis s'étaient agenouillés, une expression d'admiration et de respect sur le<br />
visage. J'en ai fait de même.<br />
- Vous avez un dodo chanteur, ai-je dit bêtement. Les yeux du dieu se sont éclairés.<br />
- C'est Dédé, ma petite comédienne.<br />
Dédé le dodo a pris un air offensé. Elle a donné un coup de bec sur le genou de Pan et s'est mise à<br />
fredonner un air qui ressemblait à un chant funèbre.<br />
- C'est le plus bel endroit du monde ! s'est écriée Annabeth. Il <strong>bat</strong> tous les édifices jamais construits.<br />
- J e suis content qu'il te plaise, ma chère, a dit Pan. C'est un des derniers lieux naturels. Mon royaume sur<br />
Terre a disparu, je le crains. Il ne subsiste que quelques poches de nature sauvage. De minuscules carrés<br />
de vie. Celui-ci va demeurer intact... encore un peu.<br />
- Seigneur, a dit Grover, tu dois revenir avec moi, s'il te plaît ! Les Anciens n'en croiront pas leurs yeux !<br />
Ils seront fous de joie !<br />
Pan a tendu la main et ébouriffé les boucles de Grover.<br />
- Tu es si jeune, Grover. Si bon et loyal. Je crois que j'ai bien choisi.