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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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98 LE SOI À L’ÉPREUVE DU GROUPE<br />

dichotomiques. L’individu dont l’i<strong>de</strong>ntité peut paraître ambiguë sous certains<br />

aspects est sommé <strong>de</strong> « choisir son camp ».<br />

Dominique : « Parmi <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> notre <strong>groupe</strong>, se trouvait quelqu’un<br />

dont l’i<strong>de</strong>ntité sexuel<strong>le</strong> était très ambiguë. C<strong>et</strong>te personne donnait l’apparence<br />

d’un jeune homme au corps, gestes <strong>et</strong> expressions masculins. C’était<br />

en fait une fil<strong>le</strong> […] Beaucoup <strong>de</strong> participants l’agressaient <strong>et</strong> lui faisaient<br />

savoir que sa présence était gênante […] J’avoue qu’el<strong>le</strong> me gênait aussi,<br />

mais seu<strong>le</strong>ment dans un premier temps. »<br />

C<strong>et</strong>te intolérance à ce qui est ambigu, flou, ambiva<strong>le</strong>nt renvoie à une<br />

propension à structurer <strong>le</strong>s perceptions en coup<strong>le</strong>s antagoniques, « en noir <strong>et</strong><br />

blanc » (eux <strong>et</strong> nous, positif <strong>et</strong> négatif, amis <strong>et</strong> ennemis, bons <strong>et</strong> mauvais…) 1 .<br />

On pourrait élargir <strong>le</strong> point <strong>de</strong> vue qui vient d’être développé pour la<br />

projection <strong>et</strong> <strong>le</strong> clivage <strong>et</strong> montrer que la plupart <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> défense<br />

trouvent une correspondance au niveau <strong>de</strong>s interactions groupa<strong>le</strong>s. Ainsi <strong>le</strong>s<br />

mécanismes <strong>de</strong> type obsessionnel, qui ten<strong>de</strong>nt souvent à dissocier la sphère<br />

émotionnel<strong>le</strong> <strong>et</strong> la sphère rationnel<strong>le</strong>, s’expriment dans l’opposition,<br />

fréquemment observée, entre ceux qui veu<strong>le</strong>nt vivre <strong>et</strong> partager émotions <strong>et</strong><br />

sentiments <strong>et</strong> ceux qui veu<strong>le</strong>nt comprendre <strong>et</strong> analyser (ceux qui par<strong>le</strong>nt avec<br />

<strong>le</strong>urs « tripes » <strong>et</strong> ceux qui par<strong>le</strong>nt avec <strong>le</strong>ur « tête ») ; ils entr<strong>et</strong>iennent aussi<br />

ces discussions sans fin sur <strong>le</strong> sens <strong>de</strong>s mots, sur la définition <strong>de</strong>s concepts,<br />

sur la pertinence <strong>de</strong> tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> théorie (sty<strong>le</strong> débat entre « cliniciens » <strong>et</strong><br />

« expérimentalistes ») ; la rationalisation, l’isolation, l’annulation rétroactive<br />

se manifestent dans <strong>le</strong>s communications sous forme d’intel<strong>le</strong>ctualisation <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> ritualisation <strong>de</strong>s échanges, d’occultation <strong>de</strong> l’émotionnel par <strong>le</strong> rationnel,<br />

<strong>de</strong> précautions oratoires pour désamorcer ou dénier la dimension pulsionnel<strong>le</strong><br />

<strong>de</strong>s relations.<br />

■<br />

Attaque <strong>et</strong> fuite<br />

L’intensification <strong>de</strong>s processus défensifs, en réponse au sentiment d’anxiété<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> menace i<strong>de</strong>ntitaire, tend à induire un climat diffus d’agressivité ; <strong>le</strong>s<br />

participants lient inconsciemment <strong>le</strong> sentiment <strong>de</strong> défense à l’idée d’attaque.<br />

D’autre part cel<strong>le</strong>-ci, lorsqu’el<strong>le</strong> se manifeste <strong>de</strong> manière effective, apparaît<br />

souvent comme une réponse à l’impression d’agression que fait peser sur<br />

l’individu la situation groupa<strong>le</strong>. Enfin, l’agressivité est un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> décharge<br />

<strong>de</strong> la tension ; généra<strong>le</strong>ment d’ail<strong>le</strong>urs, el<strong>le</strong> reste relativement inhibée <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

participants se défen<strong>de</strong>nt d’être ou <strong>de</strong> vouloir être agressifs ; ce souci se<br />

marque par <strong>de</strong> constantes précautions verba<strong>le</strong>s (« Ne pensez pas que je <strong>soi</strong>s<br />

agressif, mais… », « sans vouloir être agressif… », « ne prenez pas ce que je<br />

vais vous dire pour une attaque… », « c’est pas que je me <strong>soi</strong>s senti<br />

agressé… », <strong>et</strong>c.). Mais c’est justement parce qu’el<strong>le</strong> reste inhibée que<br />

1. El<strong>le</strong> est aussi en relation avec <strong>le</strong> mécanisme <strong>de</strong> catégorisation étudié par la <strong>psychologie</strong> socia<strong>le</strong>.

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