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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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62 À LA RECHERCHE DE L’IDENTITÉ<br />

interaction profon<strong>de</strong> entre la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> contexte dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong><br />

<strong>soi</strong> est engagé) 1 .<br />

3.3.2 Le <strong>soi</strong> comme processus temporel<br />

Enfin, pour la phénoménologie, la subjectivité n’est pas pure contingence<br />

réduite à la conscience <strong>de</strong> l’instant. El<strong>le</strong> se situe dans une temporalité. La<br />

conscience tend à englober l’instant présent dans une expérience passée <strong>et</strong><br />

dans une ouverture vers l’avenir. Je ne me perçois pas seu<strong>le</strong>ment à partir <strong>de</strong><br />

la conscience que j’ai <strong>de</strong> moi dans l’instant mais comme je ressens avoir été<br />

<strong>et</strong> comme je souhaite <strong>de</strong>venir (à chaque instant, je compare spontanément<br />

mon expérience présente à mes expériences passées <strong>et</strong> à ce que j’anticipe du<br />

futur). La conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> est donc aussi conscience d’une totalité, mais<br />

d’une totalité jamais achevée <strong>et</strong> toujours insaisissab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est processus<br />

(l’effort <strong>de</strong> totalisation) plus qu’obj<strong>et</strong> (comme totalité effective).<br />

Ainsi la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> est d’abord une quête <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, une tentative pour<br />

s’é<strong>le</strong>ver au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s situations immédiates pour se percevoir comme suj<strong>et</strong><br />

engagé dans une temporalité <strong>et</strong> un proj<strong>et</strong> existentiel 2 .<br />

Ainsi la démarche phénoménologique tout en prenant appui sur l’introspection<br />

ne se confond pas avec el<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong>s phénomènes qu’el<strong>le</strong> abor<strong>de</strong>,<br />

el<strong>le</strong> s’efforce <strong>de</strong> restituer <strong>et</strong> <strong>de</strong> décrire finement l’expérience vécue du suj<strong>et</strong><br />

en s’assurant que c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>scription porte bien sur sa conscience concrète <strong>et</strong><br />

spontanée <strong>et</strong> non sur ce qui en serait un substitut plus ou moins objectivé<br />

introduit par <strong>le</strong> chercheur à partir <strong>de</strong> ses conceptions, <strong>de</strong> ses modè<strong>le</strong>s ou <strong>de</strong><br />

ses techniques. Dans la saisie <strong>de</strong> ce vécu, <strong>le</strong> psychologue doit faire abstraction<br />

<strong>de</strong> ses propres jugements <strong>et</strong> interprétations (car ceux-ci font partie <strong>de</strong><br />

son expérience à lui <strong>et</strong> non <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> du suj<strong>et</strong>) : ils ne peuvent que faire écran à<br />

la <strong>de</strong>scription du vécu subjectif ; comme <strong>le</strong> souligne bien R. Laing :<br />

Les inférences que l’on fait concernant l’expérience <strong>de</strong> l’autre, à partir <strong>de</strong>s perceptions<br />

réel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> immédiates qu’on a <strong>de</strong> ses actes font partie <strong>de</strong> la catégorie<br />

<strong>de</strong>s actes d’attribution (1971, p. 31).<br />

Il s’agit <strong>de</strong> donner la paro<strong>le</strong> au suj<strong>et</strong> pour lui perm<strong>et</strong>tre d’exprimer sa<br />

propre expérience (proj<strong>et</strong> qui a guidé Rogers dans l’élaboration <strong>de</strong>s notions<br />

d’entr<strong>et</strong>ien non directif <strong>et</strong> d’empathie). Mais il faut aussi avoir conscience<br />

qu’à partir du moment où il exprime c<strong>et</strong>te expérience à quelqu’un, <strong>et</strong> l’expé-<br />

1. C<strong>et</strong>te conception phénoménologique du <strong>soi</strong> peut se r<strong>et</strong>rouver dans la « <strong>psychologie</strong><br />

existentiel<strong>le</strong> », <strong>et</strong> notamment dans la « gestalt-therapy » <strong>de</strong> F. Perls.<br />

2. C’est ce qui rend possib<strong>le</strong> la pratique d’une « analyse existentiel<strong>le</strong> » à travers laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> suj<strong>et</strong>,<br />

avec <strong>le</strong> soutien du thérapeute, peut approfondir <strong>et</strong> élargir sa conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> <strong>et</strong> « <strong>de</strong>venir ce<br />

qu’il est ». Cf. in Marc, 2000, <strong>le</strong>s rubriques « Psychologie existentiel<strong>le</strong> » <strong>et</strong> « Psychologie<br />

humaniste ».

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