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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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128 LE SOI À L’ÉPREUVE DU GROUPE<br />

par <strong>le</strong>s représentations <strong>et</strong> <strong>le</strong>s co<strong>de</strong>s culturels, proj<strong>et</strong>és dans <strong>le</strong>s attentes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

jugements d’autrui. Par comparaison, l’i<strong>de</strong>ntité intime est beaucoup plus<br />

marquée par <strong>le</strong> corps <strong>et</strong> ses pulsions, par <strong>le</strong>s émotions <strong>et</strong> <strong>le</strong>s affects, par<br />

l’imaginaire. Le fait qu’el<strong>le</strong> <strong>soi</strong>t inaccessib<strong>le</strong> à autrui perm<strong>et</strong> son étayage<br />

plus direct sur <strong>le</strong>s sentiments narcissiques, <strong>le</strong>s rêves <strong>de</strong> toute-puissance, <strong>le</strong><br />

désir, la recherche d’amour <strong>et</strong> <strong>de</strong> séduction. Mais el<strong>le</strong> est plus vulnérab<strong>le</strong><br />

aussi aux b<strong>le</strong>ssures narcissiques, aux sentiments d’échec <strong>et</strong> <strong>de</strong> dévalorisation,<br />

aux comp<strong>le</strong>xes d’infériorité ; la structure maniaco-dépressive<br />

montre l’extrême <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te oscillation <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité intime entre la mégalomanie<br />

<strong>de</strong> la fusion du moi avec <strong>le</strong> moi-idéal <strong>et</strong> l’autodépréciation <strong>de</strong>structrice<br />

du moi écrasé par <strong>le</strong> surmoi.<br />

On peut m<strong>et</strong>tre en relation <strong>le</strong>s notions d’i<strong>de</strong>ntité socia<strong>le</strong> <strong>et</strong> d’i<strong>de</strong>ntité<br />

intime avec ce que H. Rodriguez-Tomé (1972) a désigné comme « image<br />

socia<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>soi</strong> » <strong>et</strong> « image propre ». Il définit l’image socia<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>soi</strong> comme<br />

conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> pour autrui, dans <strong>le</strong> sens où l’autre est sa source <strong>et</strong> son<br />

<strong>de</strong>stinataire ; cependant lorsqu’il écrit : « Nous appelons image socia<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>soi</strong> cel<strong>le</strong> qui se constitue justement à partir <strong>de</strong>s indices sur <strong>soi</strong>-même que<br />

l’individu reconnaît comme venant d’autrui ou qu’il attribue à autrui »<br />

(p. 29), il semb<strong>le</strong> donner à c<strong>et</strong>te notion un contenu assez limité ; en eff<strong>et</strong>, si<br />

l’image socia<strong>le</strong> est bien conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> pour autrui, on ne saurait la<br />

restreindre, à mon avis, à l’image que l’on pense que <strong>le</strong>s autres se font <strong>de</strong><br />

<strong>soi</strong> ; el<strong>le</strong> correspond plutôt à l’i<strong>de</strong>ntité que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> se ressent <strong>et</strong> actualise dans<br />

ses relations aux autres. D’ail<strong>le</strong>urs H. Rodriguez Tomé souligne lui-même<br />

que « communiquer avec autrui implique une définition, à la fois relative <strong>et</strong><br />

réciproque, <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s partenaires : il faut être <strong>et</strong> se savoir quelqu’un<br />

pour l’autre tout comme l’on se fait une représentation <strong>de</strong> ce que l’autre est<br />

en <strong>soi</strong> <strong>et</strong> pour nous » (ibid.). Quant à l’image propre, el<strong>le</strong> se présente,<br />

propose-t-il, « sous la forme d’un agencement <strong>de</strong> traits <strong>de</strong> personnalité que <strong>le</strong><br />

suj<strong>et</strong> adm<strong>et</strong> comme lui appartenant ; c’est un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> caractéristiques<br />

tel<strong>le</strong>s que dispositions, habitu<strong>de</strong>s, tendances, attitu<strong>de</strong>s ou capacités, à quoi<br />

s’ajoute ce qui relève <strong>de</strong> l’image du corps propre » (p. 28). Là aussi, c<strong>et</strong>te<br />

définition peut semb<strong>le</strong>r trop restrictive ; il n’est pas sûr, en outre, que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong><br />

se perçoive comme « un agencement <strong>de</strong> traits » ; il y a certainement à ce<br />

niveau une confusion entre l’obj<strong>et</strong> étudié <strong>et</strong> la métho<strong>de</strong> pour <strong>le</strong> saisir (à<br />

savoir un échantillon d’items à partir duquel <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> est appelé à s’autoévaluer)<br />

1 .<br />

Ne faut-il pas à ce niveau distinguer aussi entre la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong><br />

« réfléchie » qui est cel<strong>le</strong> que l’on sollicite lorsqu’on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à un suj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

1. Dans ce sens, <strong>le</strong> test du « Qui suis-je ? » <strong>de</strong> Kuhn <strong>et</strong> <strong>de</strong> McPartland, développé par M. Zavalloni<br />

(1984), est moins inducteur ; cependant, comme il constitue une réponse communiquée à autrui,<br />

il exprime davantage, à mon avis, l’i<strong>de</strong>ntité socia<strong>le</strong> que l’i<strong>de</strong>ntité intime, ce que <strong>le</strong>s résultats du<br />

test semb<strong>le</strong>nt d’ail<strong>le</strong>urs confirmer.

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