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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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SOI SOCIAL/SOI INTIME 125<br />

tité qui risque <strong>de</strong> lui apparaître d’autant plus négative que l’idéalisation est<br />

plus accentuée. C’est pourquoi la présence, dans la conscience, d’un autre<br />

imaginaire hosti<strong>le</strong> <strong>et</strong> mauvais, servant <strong>de</strong> « repous<strong>soi</strong>r » (mécanisme qui est<br />

l’une <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong>s différentes formes d’alterophobie <strong>et</strong> <strong>de</strong> racisme) est<br />

souvent la condition du maintien <strong>de</strong> la cohérence i<strong>de</strong>ntitaire lorsque <strong>le</strong>s<br />

mécanismes <strong>de</strong> clivage <strong>et</strong> d’idéalisation sont préva<strong>le</strong>nts ou lorsque <strong>le</strong> risque<br />

<strong>de</strong> dévalorisation est important.<br />

6.2 L’intérieur <strong>et</strong> l’extérieur<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

La psychanalyse a donc mis en lumière <strong>et</strong> conceptualisé la division du suj<strong>et</strong><br />

entre <strong>le</strong> conscient <strong>et</strong> l’inconscient <strong>et</strong> entre <strong>le</strong>s différentes instances <strong>de</strong> la<br />

personnalité, <strong>de</strong> même qu’el<strong>le</strong> a souligné <strong>le</strong>s conflits engendrés par c<strong>et</strong>te<br />

division. Cependant, l’expérience groupa<strong>le</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> saisir aussi une autre<br />

coupure, qui se révè<strong>le</strong> phénoménologiquement très importante, cel<strong>le</strong> que <strong>le</strong><br />

suj<strong>et</strong> perçoit entre l’intérieur <strong>et</strong> l’extérieur <strong>de</strong> lui-même.<br />

En eff<strong>et</strong>, la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> établit une distinction n<strong>et</strong>te entre <strong>le</strong>s aspects<br />

extérieurs <strong>et</strong> donc publics du suj<strong>et</strong> (ceux qui tombent sous <strong>le</strong> regard d’autrui<br />

<strong>et</strong> qui ont par là même un caractère social) <strong>et</strong> <strong>le</strong>s aspects intérieurs <strong>et</strong> donc<br />

privés (qui ne sont accessib<strong>le</strong>s qu’au suj<strong>et</strong> lui-même).<br />

Les premiers constituent <strong>le</strong> paraître <strong>et</strong> l’agir du suj<strong>et</strong> : son aspect physique,<br />

son apparence, sa tenue (sa physionomie, la façon dont il est coiffé,<br />

habillé, apprêté <strong>et</strong> <strong>le</strong>s caractéristiques qui s’en dégagent), ses comportements<br />

corporels (sa posture, sa gestualité, ses mimiques), ses comportements<br />

verbaux (sa façon <strong>de</strong> par<strong>le</strong>r, son intonation, ses prises <strong>de</strong> paro<strong>le</strong>), ses conduites<br />

interactives (sa manière d’entrer en communication avec autrui, <strong>de</strong> se<br />

situer par rapport à lui, son sty<strong>le</strong> relationnel, <strong>et</strong>c.). Tous ces éléments constituent<br />

la « faça<strong>de</strong> » extérieure dont <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> sait qu’el<strong>le</strong> va être perçue <strong>et</strong> jugée<br />

par autrui <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> donc une « mise en scène » <strong>soi</strong>gnée <strong>et</strong> contrôlée,<br />

pour employer une notion développée par E. Goffman (1973).<br />

Le suj<strong>et</strong> a une certaine conscience, une certaine représentation <strong>de</strong> la<br />

faça<strong>de</strong> qu’il présente, mais c<strong>et</strong>te représentation est largement médiatisée par<br />

<strong>le</strong> regard d’autrui qui en est <strong>le</strong> <strong>de</strong>stinataire ; on peut dire qu’el<strong>le</strong> constitue son<br />

i<strong>de</strong>ntité socia<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> sens où el<strong>le</strong> spécifie la manière dont il se présente <strong>et</strong><br />

se perçoit dans <strong>le</strong>s relations socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> dont il souhaite ou pense être perçu<br />

par <strong>le</strong>s autres 1 .<br />

Les aspects intérieurs <strong>et</strong> privés ne sont pas, quant à eux, accessib<strong>le</strong>s à<br />

autrui ; <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> est <strong>le</strong> seul à <strong>le</strong>s connaître, même s’il peut en laisser filtrer<br />

quelque chose à l’extérieur à travers ses manifestations émotionnel<strong>le</strong>s, ses<br />

1. Dans ce sens, la notion d’i<strong>de</strong>ntité socia<strong>le</strong> n’a plus ici tout à fait la même signification que cel<strong>le</strong><br />

qui lui est donnée habituel<strong>le</strong>ment <strong>et</strong> que nous venons <strong>de</strong> rappe<strong>le</strong>r au paragraphe précé<strong>de</strong>nt.

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