psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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LA QUÊTE DE RECONNAISSANCE 181<br />
Félix : « Le <strong>groupe</strong>, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’animateur, m’apparaît comme une référence,<br />
un miroir nécessaire quand j’affirme quelque chose. C<strong>et</strong>te idée<br />
même <strong>de</strong> miroir me montre à quel point je recherche chez l’autre un<br />
complément narcissique. »<br />
Le be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> valorisation s’exprime souvent à travers une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
séduction. C<strong>et</strong>te attitu<strong>de</strong> est beaucoup plus narcissique que sexualisée ; el<strong>le</strong><br />
est dirigée vers l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s participants, comme <strong>le</strong> soulignent <strong>le</strong>s intéressés,<br />
même si el<strong>le</strong> peut aussi viser plus particulièrement certaines personnes.<br />
El<strong>le</strong> s’exprime davantage à travers <strong>le</strong>s comportements qu’à travers <strong>le</strong>s mots,<br />
car el<strong>le</strong> fait partie <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s « réservés ». Vouloir être séduisant apparaît<br />
comme un moyen d’être plus faci<strong>le</strong>ment accepté, approuvé <strong>et</strong> reconnu. Le<br />
be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> séduction peut comporter aussi une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’amour qui, dans ce<br />
cas, est moins l’expression d’un désir <strong>de</strong> nature sexuel<strong>le</strong> que la traduction<br />
d’un be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> reconnaissance frustré.<br />
C’est ainsi, par exemp<strong>le</strong>, que Thérèse finit par comprendre l’attitu<strong>de</strong><br />
particulièrement séductrice <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux participantes face aux animateurs :<br />
« El<strong>le</strong>s revendiquent <strong>le</strong> droit à recevoir l’amour qui <strong>le</strong>ur est dû ou qui <strong>le</strong>ur<br />
a été refusé. Effectivement, pour pouvoir donner, il faut avoir reçu <strong>et</strong>, pour<br />
se reconnaître, il faut être reconnu. »<br />
8.2.4 Le be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong><br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
Le sentiment d’i<strong>de</strong>ntité implique la perception <strong>de</strong> <strong>soi</strong> comme individualité<br />
autonome, capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> s’autodéterminer, <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> son comportement,<br />
d’exercer une certaine maîtrise sur <strong>soi</strong> <strong>et</strong> sur l’environnement. Au contraire,<br />
quand un suj<strong>et</strong> a <strong>le</strong> sentiment <strong>de</strong> perdre son autonomie, <strong>de</strong> ne pas contrô<strong>le</strong>r<br />
ses conduites, d’être soumis à <strong>de</strong>s contraintes ou <strong>de</strong>s influences auxquel<strong>le</strong>s il<br />
ne peut échapper, il l’éprouve comme une menace pesant sur son i<strong>de</strong>ntité,<br />
comme une forme d’aliénation pouvant al<strong>le</strong>r jusqu’à la dépersonnalisation <strong>et</strong><br />
l’annihilation 1 .<br />
Dans l’expérience groupa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s participants ressentent comme une<br />
atteinte i<strong>de</strong>ntitaire l’impression qu’ils ont <strong>de</strong> ne pouvoir maîtriser ce qui se<br />
passe en eux ou dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>.<br />
Aurélie : « Ce qui m’a beaucoup troublée au cours <strong>de</strong> ces séances, c’est<br />
d’être envahie par <strong>de</strong>s émotions que je n’arrivais pas à contrô<strong>le</strong>r ; quand je<br />
voulais m’exprimer, je sentais mon cœur qui s’accélérait, mon ventre qui<br />
se nouait, ma voix qui tremblait, alors qu’au-<strong>de</strong>hors je pouvais par<strong>le</strong>r cal-<br />
1. C’est ce que montrent clairement <strong>de</strong>s circonstances extrêmes comme l’expérience <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong><br />
concentration (cf. B<strong>et</strong>telheim, 1972) ; ou l’internement <strong>et</strong> la situation asilaire (cf. Goffman,<br />
1968).